La logistique des troupes américaines en Afghanistan sera-t-elle perturbée après la suspension de l’aide destinée au Pakistan?

L’Afghanistan étant un pays enclavé, le ravitaillement par voie terrestre des forces américains qui y sont déployées (tout comme celles de l’Otan, dans le cadre de la mission Resolute support) dépend exclusivement du bon vouloir du Pakistan.

Certes, il est théoriquement possible d’emprunter d’autres voies, comme celle appelée « Réseau de Distribution Nord » (Northern Distribution Network), laquelle passe par la Russie et l’Asie centrale. Cette dernière fut d’ailleurs utilisée quand la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) était encore active en Afghanistan. Mais actuellement, il ne faut guère y compter étant donné l’état des relations entre Moscou et Washington.

Aussi, la décision de l’administration Trump de suspendre l’assistance sécuritaire américaine jusqu’alors accordée au Pakistan risque d’avoir des conséquences sur l’approvisionnement des 14.000 militaires américains actuellement présents en Afghanistan.

« Il y a environ deux milliards de dollars d’équipement et de financement de soutien qui sont en jeu », a confié un responsable américain à l’AFP.

La suspension de cette aide américaine s’explique par le laxisme dont ferait preuve le Pakistan à l’égard de mouvement taleb afghan et d’autres groupes jihadistes au gré de ses intérêts. Toutefois, le chef du Pentagone, James Mattis, a tenté d’arrondir les angles avec Islamabad, où la décision de l’administration Trump a été très mal reçue.

« Comme vous l’avez vu dans la déclaration, il y avait des mots très précis qui disaient que nous travaillons toujours avec le Pakistan et nous que rétablirions l’aide si nous voyions des mouvements décisifs contre les terroristes qui sont autant de menaces contre le Pakistan que contre nous », a ainsi déclaré M. Mattis, en référence à la déclaration du département d’État relative à la suspension de l’aide américaine.

« Je pense que beaucoup d’entre vous sont conscients que le Pakistan a perdu plus de troupes, au total, que toutes les coalitions de l’Otan réunies », a en outre affirmé le chef du Pentagone.

Effectivement, au cours de ces dernières années, Islamabad a lancé plusieurs offensives contre des groupes jihadistes retranchés dans les zones tribales pakistanaises. Mais ces opérations ont principalement visé le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), le pendant pakistanais du mouvement taleb afghan.

En 2010, un porte-parole de l’armée pakistanaise avait d’ailleurs expliqué qu’Islamabad se refusait « de faire l’amalgame entre les taliban afghans (qui se tenaient tranquilles au Pakistan) et ceux du TTP, alors responsables d’une vague d’attentats meutriers.

Quoi qu’il en soit, s’agissant de la logistique des troupes américaines déployées en Afghanistan, James Mattis a déclaré qu’il n’avait « aucune indication » de la part des autorités pakistanaises au sujet d’un éventuel impact de la suspension des aides américaines sur les lignes terrestres de communication utilisées par les convois de ravitaillement.

Si tel devait être le cas, au moins deux autres solutions seraient possibles. L’une consisterait à passer par le port de Polti, en Géorgie (ou celui de Metin, en Turquie) pour rejoindre ensuite le Kazakhstan puis l’Afghanistan, après avoir transité par l’Azerbaïdjan et la mer Caspienne. Ce qui n’est pas le trajet le plus simple. L’autre passerait par les airs… ce qui serait nettement plus coûteux.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]