Le service militaire promis par M. Macron pourrait finalement prendre la forme d’un « parcours citoyen »

Le 18 mars 2017, lors d’un discours sur la politique de défense, Emmanuel Macron annonça son intention, s’il était élu président, d’instaurer un « service militaire universel » d’un mois, que tout jeune, fille comme garçon, serait tenu d’effectuer dans un délai de trois ans après son 18e anniversaire.

« Chaque jeune Français ira ainsi à la rencontre de ses concitoyens, fera l’expérience de la mixité sociale et de la cohésion républicaine durant un mois », avait alors fait valoir M. Macron, pour qui ce service militaire universel devait permettre aussi de disposer d’un « réservoir mobilisable complémentaire de la Garde nationale », en cas de crise et de « renforcer le lien ‘armée nation' ».

Les armées n’ayant plus les infrastructures ad hoc pour accueillir 600.000 à 700.000 jeunes gens par an, M. Macron avait suggéré d’utiliser les lycées et les universités pendant les périodes de vacances scolaires. Quant au coût de ce service militaire universel, il l’avait estimé à 15/20 milliards d’euros pour sa mise en place et à 1,5/3 milliards d’euros par an en « régime de croisière ». Et ces sommes ne devaient pas être prises en charge par le budget du ministère des Armées.

Au moment M. Macron fit cette annonce, plusieurs responsables politiques, de droite comme de gauche, plaidaient aussi pour ce retour du service militaire. Une idée par ailleurs populaire au sein de l’opinion publique (à hauteur de 60 à 80%, selon les sondages).

Seulement, pour les armées, l’idée d’un tel service universel ayant plus une utilité sociale que militaire, ne manquait pas de susciter quelques réserves. Réserves d’ailleurs relayées par les sénateurs Jean-Pierre Raffarin et Daniel Reiner, dans un rapport publié en juin 2017.

Chargée de ce dossier, Mme le secrétaire d’État auprès de Mme le ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq parla d’instaurer non pas un « service militaire universel » mais un « service national universel ». Ce qui n’était plus tout à fait la même chose. Lors d’une audition devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, elle souligna la nécessité de trouver « l’équilibre entre, d’une part, le lien armée Nation, l’esprit de l’engagement et la possibilité importante ouverte aux jeunes de se rencontrer et, d’autre part, les moyens que nous pourrons mettre en face de ces trois objectifs. »

En outre, les modalités du financement de ce service national étaient encore à définir au moment de l’audition de Mme Darrieussecq par les députés. « Nous allons devoir faire preuve d’imagination. […] Le ministre de l’Action et des comptes publics saura être imaginatif pour parvenir à abonder cette ligne », avait-elle dit.

Finalement, à en croire une information donnée par franceinfo, la piste privilégiée (du moins par les députés chargés de remettre un rapport sur ce sujet) serait de mettre en place un « parcours citoyen » en lieu et place d’un service national obligatoire. Cette solution aurait l’avantage d’être peu coûteuse.

Ce « parcours citoyen » commencerait ainsi dès le collège, avec une semaine par an dédiée à « la défense et à la sécurité, mais aussi aux gestes qui sauvent, aux droits et devoirs, ou à la mémoire », explique franceinfo. Une seconde étape serait prévue en classe de seconde, avec « une semaine d’immersion pour favoriser la mixité sociale et les valeurs fraternelles ». Enfin, en dernier lieu, un passeport « citoyen » serait délivré à chaque jeune afin de lui permettre de « prolonger son engagement après ses 16 ans s’il le souhaite » et de lui offrir « certaines facilités, comme entre autres, un accès simplifié et moins cher au permis de conduire. »

Reste maintenant à voir ce qu’en dira la mission interministérielle mise en place pour étudier les modalités de ce « service national ». Quoi qu’il en soit, et comme l’a résumé Yannick Blanc, le directeur de l’agence du service civique, dans les colonnes du Figaro, « l’abandon du service militaire paraît acté. Il y a consensus pour dire qu’il coûterait cher et ne servirait pas à grand chose. »

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