Les États-Unis adressent une mise en garde au Kosovo

Suite au rapport relatif aux exactions commises en 1998-99 par l’Armée de libération du Kosovo (UÇK, une organisation paramilitaire independantiste kosovare), remis en 2011 par le parlementaire suisse Dick Marty au Conseil de l’Europe, un tribunal spécial composé de juges et de procureurs internationaux, a été mis en place à La Haye, grâce à un financement européen de 29,1 millions d’euros.

Bien qu’installé aux Pays-Bas, et afin de proteger les témoins, ce tribunal spécial est une instance de droit kosovar. Pouvant appeler à comparaître toute personne soupçonnée d’avoir participé à des exactions, ses chambres spécialisées ont été établies grâce à une loi votée par le Parlement du Kosovo en 2014.

Pour rappel, le rapport « Marty » évoquait des cas d’exécutions sommaires, d’enlèvements et de trafics d’organes. L’actuel président du Kosovo, Hashim Thaçi, avait été mis en cause. Une accusation vivement contestée par l’intéressé. Cela étant, ce tribunal doit se pencher sur la disparition de 500 civils, essentiellement serbes, entre le 1er août 1999 et le 31 décembre 2000.

Seulement, ces dernières semaines, l’existence de ce tribunal spécial est contestée par plusieurs responsables kosovars, dont M. Thaçi, qui n’a pas ménagé ses critiques à son endroit. D’anciens membres de l’UÇK ont même lancé une pétition pour exiger du Parlement l’abandon du principe de la création de cette instance.

La semaine passée, deux tentatives de réunir le Parlement pour aborder cette question ont échoué, grâce au boycott de l’opposition. Et ces manoeuvres ont valu à Pristina une mise en garde de la part de Washington.

« Les dirigeants du Kosovo ont fait cette semaine des déclarations publiques répétées selon lesquelles une initiative de l’Assemblée du Kosovo concernant le Tribunal spécial ne nuirait pas aux relations internationales du Kosovo. Ils se trompent. De tels efforts renouvelés auraient de profondes conséquences négatives sur l’avenir du Kosovo et ses relations avec les États-Unis », a réagi l’ambassade américaine à Pristina, via un communiqué diffusé le 29 décembre.

« En outre, les menaces de violence sont totalement inacceptables et devraient être rejetées clairement et sans équivoque par le gouvernement », poursuit ce texte au ton inhabituellement ferme.

« Nous sommes extrêmement déçus par ceux qui sont prêts à sacrifier l’avenir de leur pays et le soutien inconditionnel des États-Unis au profit de leurs intérêts personnels », conclut le communiqué.

En mars 1999, après le massacre de Račak, commis quelques semaines plus tôt, et l’échec de la conférence de Rambouillet, l’Otan était intervenue contre l’armée serbe au Kosovo (province qui appartenait alors à la Serbie). Une administration provisoire fut ensuite mis en place à Pristina. En 2008, le Kosovo proclama son indépendance, laquelle fut reconnue par les États-Unis et la plupart des membres de l’Union européenne (l’Espagne, la Grèce et la Roumanie refusèrent de la reconnaître).

Actuellement, sur la base de la résolution 1244 des Nations unies, l’Otan maintient toujours une force au Kosovo (KFOR) afin d’y « maintenir un environnement sûr et sécurisé » et d’y « préserver la liberté de circulation au profit de tous ».

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