Irak : Les jihadistes restent toujours actifs dans le secteur de Hawijah
Peu après avoir proclamé la victoire sur l’État islamique (EI ou Daesh), début décembre, le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi avait invité à la prudence. « C’est une organisation terroriste très vicieuse et c’est une menace également idéologique, pas seulement militaire », avait-il affirmé, en marge du » One Planet Summit », un sommet sur le climat organisé à Paris.
« Je crois qu’il faut être très prudent sur la façon dont il convient de détruire les racines » de l’EI, avait continué le Premier ministre irakien. Et d’expliquer : « À l’heure actuelle nous avons réussi à les détruire, nous avons détruit leurs objectifs et désormais on assiste à une diminution de leur aptitude à recruter des jeunes. […] Il faut maintenir cette pression, notre objectif est de maintenir la pression jusqu’à ce que cette organisation vicieuse et néfaste soit complètement détruite. »
Et pour cause. Les défaites militaires infligées à l’EI ne veulent pas pour autant dire la fin de cette organisation jihadiste, obligée par la force des choses à revenir dans la clandestinité, comme c’était le cas avant ses gains territoriaux enregistrés tant en Irak qu’en Syrie en 2014.
« La disparition de Daesh en tant que proto-Etat ne signifie pas la fin de la menace terroriste. En effet, en Syrie, Daesh conserve le contrôle de quelques emprises territoriales, tandis qu’en Irak, le risque de résurgence de cellules terroristes n’est pas totalement écarté », explique régulièrement l’État-major des armées (EMA) dans son compte-rendu hebdomadaire de l’opération Chammal.
Ainsi, comme le montrent de récents attentats, l’EI dispose encore de cellules dormantes, ainsi que des caches et des dépôts d’armes dans certaines zones désertiques, comme c’est apparemment le cas dans la région du Wadi Houran, une vallée accidentée située dans la province occidentale d’al-Anbar. En un mot, il est à redouter que Daesh ait encore les moyens de livrer une guérilla, ce qui serait de nature à entraver la reconstruction des zones d’où il a été chassé.
Tel semble être le cas du secteur de Hawijah, où les forces françaises ont effectué leur unique frappe au cours de ces derniers jours. En septembre, les forces irakiennes lancèrent une offensive « éclair » pour reprendre à l’EI cette ville, surnommée en 2004 le « Kandahar » d’Irak par les forces américaines. Or, deux mois après la reprise de ce bastion jihadiste, le nombre d’attaques terroristes restent à niveau relativement élevé.
Selon un officier de haut rang de la police irakienne, « au moins 45 membres des forces de sécurité et civils ont été tués lors d’attaques de l’EI » dans la région d’Hawijah depuis l’annonce de la reconquête de cette ville. La même source a également assuté qu’un peu plus de 300 jihadistes avaient été mis hors de combat durant la même période. Un bilan impossible à confirmer.
D’après Sarmad al-Bayati, un expert militaire irakien sollicité par l’AFP, les jihadistes « représentent toujours une menace réelle pour la région ». Pire : s’ils se cachent pendant le jour, « ils ont le contrôle total de certaines zones la nuit », a-t-il ajouté.
Le souci est que les forces irakiennes n’auraient pas assez d’effectifs pour quadriller cette région aussi « vaste que le Koweït ».
Comme l’a expliqué, toujours à l’AFP, l’officier de la police irakienne, la reconquête de Hawijah s’est concentrée sur la ville et les principaux axes routiers. Et si une partie des jihadistes a déposé les armes, une autre est allée se réfugier « vers les monts Hamrine, leurs vallées, leurs tunnels, leurs zones boisées et autres caches naturelles. »
D’après un général de l’armée irakienne, les jihadistes cherchent surtout à menacer « des habitants ayant des proches dans les forces de sécurité ou qui fournissent des informations aux troupes ». C’est ainsi que, par exemple, un chef de tribu à la tête d’un groupe de combattants a été tué, avec son épouse, à un faux barrage érigé par des jihadistes entre Kirkouk et Hawijah. Plus récemment encore, deux soldats irakiens ont perdu la vie à cause de l’explosion d’un IED (engin explosif improvisé) lors du passage de leur véhicule, dans le district d’al-Safra, près de Hawijah.