Le chef de la diplomatie française répond sèchement à Bachar el-Assad
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a fermement réagi aux propos tenus par le président syrien, Bachar el-Assad, le 18 décembre.
Pour rappel, le chef du régime syrien avait accusé la France de « soutenir le terrorisme » et estimé que, à ce titre, elle n’était « pas en position de donner une évalution d’une conférence de paix », en faisant référence au dernier cycle de négociations entre Damas et l’opposition qui, organisé sous l’égide des Nations unies, à Genève, prit fin sans réelle avancée. Le Quai d’Orsay avait alors dénoncé une « d’obstruction irresponsable » de la part des autorités syriennes.
Engagé militairement contre l’État islamique (EI ou Daesh) et tout en ayant subi et déjoué des complots terroristes formentés depuis la Syrie, la France ne pouvait guère laisser passer les propos tenus par M. Assad. Et c’est donc M. Le Drian qui lui a répondu, alors qu’il était sollicité par Le Figaro.
« D’abord, M. Bachar el-Assad ne me semble pas vraiment en situation de pouvoir affirmer une prise de position politique tant qu’il est dépendant de la Russie et de l’Iran. Ensuite, quand on a été le premier à libérer (de prison) les jihadistes de Daesh, on ne donne pas de leçon. Et enfin, quand on a passé son temps à massacrer son peuple, on a généralement un peu plus de discrétion », a réagi M. Le Drian depuis Washington, où il a rencontré son homologue américain, Rex Tillerson.
« Ce qui est clair, c’est que la France a été dès le départ dans l’action de la coalition contre Daesh, et qu’aujourd’hui c’est la coalition qui a permis la victoire. Mais Daesh n’a pas encore complètement perdu la guerre, donc il faut continuer le combat », a ajouté le chef de la diplomatie française.
Dans un entretien diffusé le 18 décembre par France2, le président Macron avait estimé que la guerre contre l’EI en Syrie serait « gagnée d’ici mi, fin février. » Et d’ajouter : « Bachar est l’ennemi du peuple syrien. Mon ennemi, c’est Daesh. »
Par ailleurs, M. Le Drian a de nouveau parlé « d’hégémonie » iranienne au Moyen-Orient. « Le mot n’a pas plu aux Iraniens, mais je le maintiens. La tentative hégémonique de l’Iran sur la région, c’est l’urgence, car c’est dans le cadre d’un règlement de paix en Irak et en Syrie qu’on peut enrayer ce processus », a-t-il dit.
S’agissant de l’accord sur le nucléaire iranien, que l’administration Trump est tentée de dénoncer, M. Le Drian a défendu la position française, qui consiste à le distinguer d’autres dossiers, comme celui du développement des capacités balistiques de l’Iran.
« La question des missiles balistiques n’a jamais fait partie de l’accord de Vienne. Nous l’avons rappelé. Mais ça ne veut pas dire que c’est une question secondaire. Bien au contraire. Mais il faut traiter la question du balistique à part, éventuellement envisager d’autres trains de sanctions si d’aventure les risques étaient avérés, ce qu’il faut encore vérifier », a expliqué M. Le Drian.
Photo : Ministère des Affaires étrangères