M. Stoltenberg restera secrétaire général de l’Otan pour deux ans de plus

Dans les années 1970, Jens Stoltenberg, alors jeune militant de la gauche novégienne, n’était pas un chaud partisan de l’appartenance de son pays à l’Otan. Puis, avec le temps, ses opinions évoluèrent. Qui plus est, lors de sa carrière politique, il ne montra guère d’intérêt pour les questions militaires. Et pourtant, il fut choisi en avril 2014 pour succéder à Anders Fogh Rasmussen au poste de secrétaire général de l’Alliance atlantique. Sans doute que ses bonnes relations avec le président russe, Vladimir Poutine, à l’époque où il était Premier ministre, jouèrent dans cette décision.

Ayant officiellement pris ses fonctions en octobre de cette année-là, M. Stoltenberg hérita donc de l’affaire ukrainienne et de relations avec Moscou passablement dégradées. Sur ce dernier point, l’ex-chef du gouvernement norvégien relança le Conseil Otan-Russie, lequel fut réuni pour la première fois deux après l’annexion de la Crimée. Sans succès puisque cette réunion fut seulement l’occasion d’avoir un dialogue « franc et sérieux » pour constater « désaccords profonds. » Comme, d’ailleurs, celles qui suivirent…

Aussi, sous la houlette de M. Stoltenberg, l’Otan a pris des mesures de réassurance au profit des pays se sentant menacés par la Russie. Cela s’est traduit notamment par le déploiement de quatre bataillons multinationaux dans les États baltes et la Pologne, ainsi que par la mise en place d’une « présence avancée adaptée » dans la région de la mer Noire. Et c’est sans oublier sur la création de deux nouveaux commandements. Ce qui était rarement arrivé depuis la fin de la Guerre Froide.

« Nous avons vu une Russie qui a investi lourdement en matière de défense depuis de nombreuses années, [pour se doter de] capacités modernes, des forces conventionnelles et nucléaires, et qui a montré qu’elle voulait faire usage de la force contre des pays voisins. […] L’Otan a su y répondre. Nous nous adoptons constamment », a récemment résumé M. Stoltenberg.

En outre, l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche aura été un autre défi dans la mesure où, pendant la campagne électorale, l’ex-homme d’affaires avait semblé remettre en cause le fonctionnement de l’Otan, qui repose sur un principe de défense collective. Mais probablement était-ce faire beaucoup de bruit pour rien étant donné que plusieurs poids lourds de l’administration américaine ainsi que le Congrès restent attachés au lien transatlantique.

Reste que M. Stoltenberg, autrefois pacifiste (il avait manifesté son opposition à la reprise des essais nucléaires français en 1995), s’est attaché à défendre l’objectif fixé aux 29 membres de l’Otan (le Montenegro a rejoint l’Alliance en 2017) de porter leurs dépenses militaires à 2% du PIB.

Autre sujet qu’a eu à traiter M. Stoltenberg au cours de ces derniers mois : les relations compliquées avec la Turquie qui, membre de l’Otan depuis 1952, demeure un allié stratégique de premier plan (pour contrôler les détroits menant à la mer Noire) . Or, le dialogue a souvent été difficile. Et il le reste encore, les autorités turques ayant misé sur un rapprochement avec la Russie, avec à la clé l’achat du système de défense aérienne russe S-400, incompatible avec ceux de l’Alliance.

Visiblement, les Alliés ont considéré qu’il ne valait pas changer de cheval au milieu du gué. En effet, le 12 décembre, ils ont assuré M. Stoltenberg de leur « pleine confiance » avant de prolonger son mandat de deux ans de plus.

« Les Alliés ont décidé ce jour de prolonger de deux ans, jusqu’au 30 septembre 2020, le mandat du secrétaire général, Jens Stoltenberg », a indiqué un communiqué officiel. « Les Alliés ont pleinement confiance dans sa capacité à poursuivre la tâche qu’il accomplit avec détermination pour faire avancer l’adaptation de l’Otan face aux défis de sécurité du XXIe siècle », est-il précisé dans ce texte.

Le président Macron a salué cette décision via Twitter. « Tous mes vœux de succès au secrétaire général de l’Otan […]. Pleine confiance dans sa détermination à poursuivre l’adaptation de l’Alliance atlantique aux nouveaux défis de la sécurité internationale », a-t-il réagi.

Même ton au Royaume-Uni. Saluant un « champion de l’Otan », Mme le Premier ministre britannique, Theresa May, a estimé que M. Stoltenberg « a fait en sorte » que l’Alliance « reste forte et pas immobile, en répondant à l’agression russe en Europe de l’Est tout en se réformant pour faire face aux menaces qui se développent comme les cyberattaques et la guerre hybride. »

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