La proportion de militaires au sein du personnel de la DGSE continue de baisser

Au terme de la Loi de programmation en cours, qui se terminera en 2019, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) aura normalement bénéficié de 822 créations de postes. À ce jour, 410 ont effectivement été créés, les 412 restants devant l’être au cours des deux prochaines années (215 en 2017 et 197 en 2019). Au total, le service comptera, l’an prochain, 5.727 « Équivalents temps plein travaillés » (ETPT), soit 3,7% de plus par rapport à 2017.

Ces recrutements, qui ne tiennent pas compte des effectifs du Service Action (SA), ne sont pas sans conséquences sur la structure du personnel de la DGSE. Et ils accentuent une tendance observée depuis plusieurs années maintenant, à savoir que la proportion de militaires dans ses effectifs tend à diminuer inexorablement.

Au 30 juin 2016, toujours hors SA, la « Piscine » comptait 25,1% de militaires dans ses effectifs. Un an plus tard, ce taux est tombé 24,7%, alors qu’il était encore de 29,3% il y a à peine dix ans. Et, selon un rapport pour avis de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées, cette tendance va encore s’accentuer.

« Si l’on s’en tient aux projections établies conformément à la trajectoire de la LPM, la proportion de personnel militaire devrait atteindre 24,3 % en 2019 mais si l’on prolonge la tendance observée depuis plusieurs années, cette proportion pourrait être plus proche de 20 % », ont relevé les sénateurs Pascal Allizard et Michel Boutant.

Et selon eux, « cette érosion risque de se poursuivre dans les prochaines années en raison de la sociologie des nouveaux recrutements mais également de la difficulté des Armées à pourvoir les postes de spécialistes auprès d’employeurs multiples. » Et de prévenir : « Elle pourrait être de nature à affecter son identité si des mesures ne sont pas prises pour l’enrayer. »

Une autre tendance observée par les deux rapports est le recours toujours plus accru aux contractuels. La part de ces derniers au sein des personnels employés par la DGSE est passée de 17,5% en 2008 à 27,8% en 2017.

« Cette évolution est pour une large partie le corollaire de la diversification des profils recherchés mais également de la souplesse nécessaire pour rémunérer certains spécialistes. Ce recours à des agents non titulaires est circonscrit aux emplois et missions que les modes de recrutements (fonctionnaires et militaires) ne permettent pas de pourvoir. Il concerne essentiellement des linguistes spécialisés dans les langues rares et des spécialistes scientifiques et techniques », expliquent les deux sénateurs.

Cela étant, la DGSE connaît quelques difficultés pour recruter des profils de plus en plus « pointus » dans des domaines où la concurrence peut être rude avec le secteur civil (voire avec d’autres ministères). C’est notamment le cas dans le domaine technologique, qui demande des gens doués en mathématiques et en infomatique, mais aussi dans ceux de l’analyse et des langues.

« L’enseignement supérieur et les écoles d’ingénieurs ne forment pas suffisamment d’étudiants dans ces différentes spécialités. Il existe donc une concurrence vive sur le marché de l’emploi », soulignent les rapporteurs.

D’où une politique active de recrutement de la DGSE, qui « développe les recherches de candidatures ciblées », « étend son réseau de prospection dans les écoles d’ingénieurs et les universités », « systématise les actions d’information et de communication auprès des DRH des armées », « diffuse plus régulièrement des offres d’emploi dans la Banque Interministérielle des emplois publics destinées aux fonctionnaires » et « entretient des échanges étroits sur les modes de recrutement et les profils difficiles à recruter avec certains partenaires de la communauté du renseignement et avec d’autres services employeurs comme le GIC ou l’ANSSI. »

Par ailleurs, la question de la « civilianisation » se pose aussi pour la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD, ex-DPSD).

« La DRSD s’est engagée dans une politique de rééquilibrage entre personnels militaires et civils. La part de ces derniers devrait ainsi passer de 21 à 26,5 % sur la durée de la LPM. Dans le même temps, la part des personnels de catégorie A, officiers et assimilés, atteindra 28,5 % en 2019 », lit-on dans le rapport de MM. Allizard et Boutant.

Comme la DGSE, la DRSD a vu ses effectifs progresser significativement à la faveur de l’actualisation de la LPM en cours. Du moins en théorie. Car, en réalité, les choses sont plus compliquées.

« Parce qu’elle dispose de moindres capacités à proposer des niveaux de rémunération suffisants pour attirer les compétences civiles dans certains domaines, ou des contrats à durée déterminée suffisamment longs dans les fonctions sensibles et qu’elle reste, enfin, sous-dimensionnée dans ses fonctions de soutien, la DRSD peine à assurer la montée en puissance de ses effectifs, qu’elle doit, en outre, former et intégrer », constatent les rapporteurs. Et cela alors que la charge de travail de ce service n’a cessé d’augmenter, comme par exemple avec la vérification des profils recrutés par l’armée de Terre pour porter les effectifs de la Force opérationnelle terrestre (FOT) de 66.000 à 77.000 soldats.

Pour y remédier, la DRSD a eu recours à « de nombreux réservistes » (plus de 150) ainsi qu’à des vacataires, « notamment dans le département en charge des habilitations et contrôles élémentaires. » Cela a permis « pallier les déficits de personnels titulaires », font valoir les deux sénateurs.

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