Industrie/Défense : Nouveau sursis pour Manurhin, qui cherche une alliance européenne

Spécialiste français des machines servant à produire des munitions, Manurhin avait son carnet de commandes bien rempli quand il se trouva pourtant dans une position financière délicate en 2011. Sollicité, l’État trouva alors une solution en faisant entrer de nouveaux actionnaires au capital de l’industriel, dont la Sofired [structure du ministère des Armées], Giat Industries et le mystérieux groupe slovaque Delta Defence.

Remis d’aplomb, Manurhin connut ensuite de belles années, avec un chiffre d’affaires en progression significative et un carnet de commandes toujours aussi plein. Mais cette embellie fut de courte durée : en 2016, son chiffre d’affaires ayant été divisés par deux, l’industriel annonça une perte de 16,5 millions d’euros, qu’il fallait alors financer par des prêts bancaires. Des banques donnèrent un accord de principe, à la condition d’en savoir plus sur Delta Defence, actionnaire à hauteur de 34%.

Faute d’obtenir les renseignements demandés, Manurhin fut de nouveau plongé dans des difficultés financières, avant d’être placé, le 7 juin, en procédure de sauvegarde, avec 120 salariés mis en chômage partiel sur 175.

Alors que cette procédure devait prendre fin, la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Mulhouse vient de donner 6 mois supplémentaires de répit à Manurhin, a indiqué l’AFP. Il faut dire que l’industriel se trouve dans une situation ubuesque : son carnet de commandes s’élève à 100 millions d’euros et il lui est impossible de trouver des financements extérieurs pour garantir son activité.

Ce sursis doit permettre à la direction de Manurhin de « poursuivre les discussions en cours avec un industriel européen de premier plan du secteur de la défense, en vue d’assurer la pérennité des activités », a fait savoir l’entreprise, via un communiqué.

Reste à connaître l’identité de cet « industriel européen ». Il pourrait s’agir du belge New Lachaussé ou de l’allemand Fritz Werner, deux concurrents de Manurhin. Selon une source « proche du dossier » sollicitée par l’AFP, « tout type de scénario est envisageable », que ce soit une « prise de participation minoritaire ou une prise de contrôle, dans le cadre d’une concentration du métier en Europe. »

Actuellement, le capital de Manurhin se partage entre le « management » de l’entreprise (52%) et Delta Defence (34%), le reste correspondant aux parts détenues par des actionnaires de « proximité » et au flottant (6%).

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