Manoeuvres aériennes de grande ampleur en Corée du Sud
Quelques jours après le tir d’un missile balistique intercontinental nord-coréen dont les paramètres de vol suggèrent qu’il aurait été en mesure d’atteindre les principales villes américaines, dont Washington DC, les forces aériennes américaines et sud-coréennes ont donné le coup d’envoi de Vigilant Ace, un exercice d’une ampleur sans précédent, avec pas moins de 230 avions mobilisés.
Côté américain, 6 avions furtifs F-22 Raptor ont été déployés en Corée du Sud pour ces manoeuvres. Ils sont accompagnés par 18 F-35 (dont 12 F-35B des Marines et 6 F-35A de l’US Air Force). Des bombardiers stratégiques B1-B Lancer sont également annoncés, tout comme 6 EA-18G (guerre électronique) et des dizaines de F-15 et de F-16.
« À travers l’opération et le contrôle en temps réel des forces combinées Corée du Sud-Etats-Unis, ces exercices permettront d’examiner la capacité du Centre coréen des opérations aériennes et spatiales (KAOC) à mener des opérations et se focaliseront sur le renforcement de la capacité à accomplir des missions en temps de guerre, comme la maîtrise des procédures des opérations aériennes combinées et le soutien logistique continu à travers des opérations 24 heures sur 24 », a expliqué la Force aérienne de la République de Corée (RoKAF), d’après l’agence de presse Yonhap.
Cette dernière précise que Vigilant Ace prévoit de simuler des interceptions d’avions nord-coréens dans l’espace aérien sud-coréen ainsi que des « infiltrations » en Corée du Nord pour des frappes éventuelles contre des cibles nucléaires et balistiques.
« Les deux alliés appliqueront notamment leur plan opérationnel conjoint, baptisé Pre-ATO, consistant à attribuer aux avions des deux pays des missions d’attaque de plus de 700 cibles clés de jour et de nuit, indépendamment des conditions météorologiques », indiqué l’agence de presse sud-coréenne.
À Pyongyang, l’on voit cet exercice comme une « provocation ». Et le journal officiel Rodong estime qu’il pourrait « à tout moment, finir par une guerre nucléaire. » Et d’ajouter : « Les va-t-en-guerre américains et leur marionnette sud-coréenne feraient bien de se rappeler que leur exercice militaire qui vise la Corée du Nord sera aussi stupide qu’un acte précipitant leur autodestruction. »
Le lancement de l’exercice Vigilant Ace survient après des déclarations de deux responsables américains ayant évoqué la probabilité d’un conflit avec la Corée du Nord.
Ainsi, le général H.R McMaster, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, a estimé qu’une guerre avec la Corée du Nord se précisait. « Je crois que cela augmente chaque jour, ce qui signifie (…) qu’on est dans une course pour régler le problème », a-t-il dit lors d’un colloque. « Il y a des manières de faire face à ce problème en dehors d’un conflit armé, mais c’est une course car il se rapproche de plus en plus [de son but], il ne reste plus beaucoup de temps », a-t-il ajouté.
L’influent sénateur républicain Lindsey Graham n’a pas dit autre chose. « S’il y a un [nouveau] test nucléaire souterrain, il faudra se préparer à une réponse très sérieuse de la part des États-Unis », a-t-il dit. L’administration Trump a pour objectif « d’empêcher la Corée du Nord d’acquérir la capacité de frapper les États-Unis avec un missile à tête nucléaire », a-t-il rappelé. Et « empêcher, a-t-il continué, cela veut dire une guerre préventive en dernier ressort. » Et d’insister : « Chaque test de missile, chaque test souterrain d’une arme nucléaire veut dire que le mariage (d’un missile et d’une tête nucléaire, ndlr) est plus probable. »
Cela étant, si le dernier missile balistique testé par la Corée du Nord – le Hwasong-15 – affiche des performances en net progrès aux deux engins précédemment lancés (des Hwasong-14), des doutes subsistent sur sa capacité à emporter une ogive nucléaire. D’après CNN, le véhicule de rentrée [supposé contenir l’ogive, ndlr] se serait à nouveau désintégré au moment de revenir dans l’atmosphère.