Selon un rapport, les services de soutien doivent être placés « au coeur de la prochaine Loi de programmation militaire »

Service de santé des armées (SSA), Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information de la défense (DIRISI), Service des essences des armées (SEA), Service du commissariat des armées, etc… L’action de ces organismes interarmées (pardon de ne pas pouvoir tous les citer) n’est pas souvent sous le feu des projecteurs. Et pourtant, sans elle, il n’y aurait pas d’opérations militaires possibles.

Au cours de ces dix dernières années, ces directions et services ont payé un lourd tribut aux réformes et autres réorganisations du ministère des Armées. Ce qui s’est traduit par des milliers de suppressions de postes alors que le rythme opérationnel des forces s’est accentué.

Ainsi, par exemple, le SSA a perdu 8% de ses effectifs depuis l’entrée en vigueur de la Loi de programmation militaite (LPM) 2014-2019. Résultat : il lui manque désormais une centaine de médecins. Et cela « conduit à concentrer sur les mêmes personnels la charge de projection du service : ainsi les personnels projetés effectuent 200% du contrat opérationnel », lit-on dans le rapport pour avis sur la « préparation et l’emploi des forces » (programme 178), rédigé par les sénateurs Jean-Marie Bockel et Christine Prunaud dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2018 [.pdf].

Et outre sa sur-sollicitation pour les opérations extérieures, le SSA a vu sa charge de travail augmenter avec la remontée en puissance de la Force opérationnelle terrestre (FOT), dont les effectifs sont passés de 66.000 à 77.000 soldats.

« Alors que les déficits de personnels sont déjà criants dans certaines spécialités telles que les chirurgiens orthopédistes, les dentistes, les infirmiers en soins spécialisés de bloc opératoire diplômés d’État et les masseurs kinésithérapeutes, la surprojection des mêmes personnels finit par les pousser à quitter le service. Leur fidélisation est un défi difficile à relever dans de telles conditions, et alors que la concurrence de la fonction publique hospitalière sur certaines spécialités est réelle », expliquent les deux sénateurs.

Aussi, ces derniers plaident pour la suspension de la suppression de 330 postes supplémentaires au sein du SSA d’ici la fin de l’actuelle LPM.

« Dans le cas contraire, il n’est pas impossible d’imaginer que la projection de personnels médicaux ne soit plus possible, que la France perde ainsi sa capacité à se projeter et à entrer en premier. L’arrêt de la déflation des personnels doit impérativement être décidé pour le SSA qui est au bord de la rupture », préviennent M. Bockel et Mme Prunaud.

Dans leur rapport, les deux sénateurs ont aussi évoqué le cas du Service du commissariat des armées, qui, en dix ans, a perdu 8.500 postes. « Comme pour le SSA, les ‘effectifs soutenants’ ont diminué plus vite que les effectifs soutenus. La remontée en puissance de la Force opérationnelle terrestre a d’ailleurs marqué un tournant, les effectifs soutenus augmentant de nouveau alors que les effectifs soutenants continuaient de diminuer », relèvent les deux rapporteurs pour avis.

Et cela a eu pour conséquence une baisse de « qualité du soutien apporté aux bases de défense », d’autant plus que la déflation des postes a été accompagnée par une diminution des moyens.

« Ce sont 400 millions d’euros qui seraient nécessaires pour mettre normes les restaurants dont le SCA a désormais la responsabilité. L’état de 70 d’entre eux est particulièrement préoccupant. De même le taux de vétusté du matériel de campagne de restauration est extrêmement élevé, 70 % de ce matériel devraient être réformés est maintenu en service », avancent les deux sénateurs.

Aussi, selon eux, il est « impératif de suspendre les déflations d’effectifs afin de faire face au besoin des fonctions de soutien, au besoin de qualification et de professionnalisation des personnels du SCA et aux besoins suscités par la mise en place de 12 des 26 priorités que comprend le plan famille présenté par la ministre de la Défense [sic]. »

Initialement, il était prévu de supprimer, en 2018 et en 2019, 700 postes au sein du SCA. « Cet objectif a été réduit à 100 postes en 2018 », rappellent les rapporteurs, qui recommandent « une suspension de la déflation en 2019. »

Aussi, pour M. Bockel et Mme Prunaud, la prochaine Loi de programmation militaire, actuellement en cours d’élaboration, devrait accorder une « attention particulière » aux services de soutien.

Mieux même : ils « doivent être placés au cœur de la prochaine LPM. » étant donné qu’ils ont « très largement contribué à la déflation des effectifs du ministère, tout en supportant un
contrat opérationnel bien plus élevé que les hypothèses de construction de la LPM, et une population militaire de nouveau en augmentation avec la remontée de la force opérationnelle terrestre (FOT), notamment. »

Seulement, l’affaire s’annonce compliquée dans la mesure où l’armée de Terre et l’armée de l’Air connaissent également des problèmes d’effectifs, que d’autres fonctions vont être renforcées (renseignement, cyber) et que les marges de manoeuvres sont faibles, la Loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 autorisant le ministère des Armées à ne créer que 1.500 postes supplémentaires.

Photo : État-major des armées

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