Soldes : Au minimum, les surcoûts induits par les ratés de Louvois ont atteint 145 millions d’euros

Peu après avoir été mis en service pour le paiement des soldes des militaires de l’armée de Terre et de la Marine nationale, le Logiciel unique à vocation interarmées de la solde (Louvois) fit rapidement parler de lui par ses multiples dysfonctionnements de deux types.

Ainsi, soit le militaire ne touchait que partiellement sa solde (quand elle lui était effectivement versée), ce qui le plongeait dans de lourdes difficultés financières, soit il percevait une somme plus élevée que prévue, ce qui le mettait en porte-à-faux avec l’administration fiscale et les organismes sociaux, avec à la clé des impôts plus lourds et des prestations sociales retirées.

Alors que un nouveau logiciel – Source Solde – est en cours de développement sous l’égide de la Direction générale de l’armement (DGA), le secrétaire général pour l’administration, Jean-Paul Bodin, avait estimé, lors de son passage devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées, en octobre, que la crise de Louvois était désormais « sous contrôle ».

« Aujourd’hui, 97% des soldes calculées (sur 180.000) et versées chaque mois l’ont été en utilisant Louvois, sans avoir à effectuer des corrections », avait indiqué le SGA avant de préciser que « les difficultés potentiellement dommageables ne concernaient plus que « seulement 0,2% des soldes. »

Reste que ces dysfonctionnements de Louvois ont généré des surcoûts, ne serait-ce que pour renforcer les équipes du Commissariat des armées et des Centres d’expertise des ressources humaines et de la solde (CERHS) de Nancy pour l’armée de Terre et de Toulon pour la Marine nationale.

Il est assez compliqué d’avoir une idée précise du niveau de la perte financière subie par le ministère des Armées à cause de ce logiciel… Toutefois, les sénateurs Joël Guerriau et Gilbert Roger, rapporteurs pour avis pour le « Soutien de la politique de la défense », ont avancé quelques chiffres.

« Le montant total des surcoûts induits par les dysfonctionnements du logiciel est d’environ 145 M€ depuis 2013. Ce surcoût est lié à des renforts en personnel et à de l’assistance à maîtrise d’ouvrage dans divers organismes, afin de fiabiliser le paiement de la solde », indiquent-ils dans leur rapport. Et de préciser que cela n’inclut « ni le montant des indus non recouvrés, ni le coût du programme Source Solde. »

À cette somme, il faut ajouter le coût initial Louvois (études, acquisition, assistance), lequel est « estimé à environ 80 M€, y compris les charges de personnel. » Ce qui fait grimper la note à 225 millions d’euros.

En outre, 15% des indus ont été abandonnés parce qu’ils n’avaient pas été « justifiés clairement ». Et ce sont 80 millions d’euros de plus qui viennent ainsi alourdir la note.

Cela étant, ces chiffres ne prennent pas en compte le coût moral qu’ont eu à supporter les militaires et leurs familles…

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