Washington est potentiellement à la portée des missiles nord-coréens

Depuis septembre, mois au cours duquel elle avait procédé à un tir de missile balistique ayant survolé le Japon ainsi qu’à un sixième essai nucléaire d’une puissance jusqu’alors inégalée, la Corée du Nord n’avait presque plus fait parler d’elle.

Conséquence des sanctions sans cesse renforcée par le Conseil de sécurité des Nations unies? Pressions de son proche allié chinois? Effet des multiples démonstrations de force américaine, la dernière en date ayant mobilisé pas mois de trois groupes aéronavals au large de la péninsule coréenne?

A priori, rien de tout ça. Car, dans la soirée du 28 novembre, Pyongyang a lancé un nouveau missile balistique intercontinental – le Hwasong-15 – d’une portée supérieure par rapports aux précédents engins de ce type testés en juillet dernier.

Selon les données livrées par Pyongyang, le Hwasong-15 a parcouru 950 km après avoir atteint l’altitude de 4.475 km. Cette trajectoire en cloche suggère, avec ces paramètres, que ce missile a une portée théorique d’au moins 13.000 km. Pour David Wright, un expert en contrôle des armements de l’Union of concerned scientists, cet engin serait en mesure « d’atteindre Washington et en fait n’importe quelle partie des Etats-Unis continentaux. »

L’agence officielle KCNA a fait valoir que le Hwasong-15 est un missile intercontinental équipé d’une ogive lourde extra-large capable de frapper la totalité du continent américain ». Et d’ajouter que la mise au point de cet engin protégera la Corée du Nord de « la politique de chantage et de menace nucléaires des impérialistes américains. »

« Nous sommes finalement parvenus à réaliser notre grande cause historique, l’achèvement d’une force nucléaire d’État », s’est félicité Kim Jong-un, le chef du régime nord-coréen, dont les propos ont été rapportés par KCNA.

Cela étant, on ignore si les ingénieurs nord-coréens ont fait des progrès en matière de technologie de rentrée des ogives dans l’atmosphère. Or, ce point est capital pour qu’un missile intercontinental puisse emporter une ogive nucléaire.

Quoi qu’il en soit, en se félicitant de « l’achèvement d’une force nucléaire d’État », Kim Jong-un fait un pied de nez au président américain Donald Trump. En janvier, ce dernier avait assuré que jamais la Corée du Nord n’aurait la capacité de frapper les États-Unis avec une arme nucléaire.

Pour le moment, la réaction de M. Trump à l’annonce du tir de ce missile nord-coréen a été plutôt évasive. « On va s’en occuper », a-t-il dit.

Quant au chef du Pentagone, James Mattis, il voit dans ce tir nord-coréen « une menace pour la paix mondiale, la paix régionale et certainement pour les États-Unis. »

Par ailleurs, la Chine a exprimé sa « vive inquiétude » et rappelé que sa proposition d’un « double moratoire » restait encore la meilleure solution pour apaiser la situation. L’idée avancée par Pékin prévoit une suspension de essais nucléaires et balistiques nord-coréens en échange d’un gel des manoeuvres militaires menées conjointement pas les États-Unis et la Corée du Sud. Seulement, Washington l’a refusée, considérant que cela reviendrait indirectement à accepter la Corée du Nord comme une puissance nucléaire.

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