Le Brésil envisage d’envoyer 750 soldats en Centrafrique

Dans son dernier rapport sur la situation en Centrafrique, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait estimé qu’il fallait augmenter les effectifs militaires de la MINUSCA [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation de la République centrafricaine, ndlr] à hauteur de 900 hommes supplémentaires.

« Toutes les capacités militaires [de la MINUSCA] sont pleinement mobilisées : il ne lui reste donc aucun effectifs mobilisable ni aucune possibilité de reconstituer des réserves ou de renforcer les effectifs actuellement déployés dans des zones de tension préexistantes ou récemment apparues », avait expliqué M. Guterres.

Entre les violences intercommunautaires, comme à Bangassou, dans l’est du pays, les ambitions de certains groupes armés, qui ne pensent qu’à mettre la main sur les richesses naturelles du pays, et l’inexistence de forces de sécurité dignes de ce nom, le contexte centrafricain est compliqué. S’ajoute à cela une certaine défiance à l’égard de la MINUSCA; en particulier à Bangui.

Quoi qu’il en soit, les effectifs de la MINUSCA sont insuffisants. « Compte tenu de l’évolution de la menace et de l’analyse actualisée du conflit, dans la conjoncture actuelle, la Mission aurait besoin au minimum de six compagnies d’infanterie supplémentaires », avait ainsi estimé M. Guterres, dans son rapport remis au Conseil de sécurité, en octobre.

« Le personnel supplémentaire proposé comprendrait : a) deux compagnies d’infanterie (300 personnes) pour renforcer la présence militaire – actuellement deux bataillons − dans l’est et dans le centre; b) un bataillon (600 personnes) dans le centre et dans l’est, constitué à partir de la réserve du commandant de la force »; avait précisé M. Guterres.

La résolution ayant prolongé le mandat de la MINUSCA, voté début novembre, a donc également revu à la hausse le plafond de ses effectifs; avec 900 Casques bleus supplémentaires. D’où viendront-ils?

La Mission des nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) venant de prendre fin, les regards se sont tournés vers le Brésil étant donné qu’il en aura été l’un des principaux contributeurs. D’où une demande adressée à Brasilia par l’ONU, la semaine passée.

« Le Brésil peut une nouvelle fois faire la différence dans des missions de paix de l’ONU et la Centrafrique est le pays qui a le plus besoin de forces », a ainsi estimé Jean-Pierre Lacroix, le chef des opérations de maintien de la paix des Nations unies, dans une tribune publiée par le quotidien Folha de Sao Paulo.

Il serait question pour les forces armées brésiliennes de déployer 750 soldats en Centrafrique. À la condition, toutefois, qu’il y ait un feu vert du président Michel Temer et du Congrès, ce qui ne devrait a priori pas poser de problème.

« Nous n’avons pas de délai précis, mais nous pensons que nos forces iront en Centrafrique d’ici mars ou avril. L’ONU souhaite que ce soit le plus tôt possible et cela arrivera certainement au cours du premier semestre 2018 », a précisé le général Ajax Porto Pinheiro, qui a été le dernier commandant en chef Minustah.

Cela étant, l’officier brésilien s’attend à un « défi plus important » qu’en Haïti, dans la mesure où la situation en République centrafricaine est plus instable. Et l’on pourrait ajouter que le degré de violence n’est pas le même non plus…

Pour rappel, en raison des violences, la Centrafrique compte plus de 600.000 personnes déplacées et 500.000 réfugiés dans les pays voisins. Qui plus est, les Casques bleus sont fréquemment pris pour cible : 13 d’entre eux ont été tués depuis le début de cette année.

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