Avions de combat : Le directeur d’Airbus DS plaide en faveur d’une « collaboration intense » avec Dassault

L’avenir de l’aviation de combat en Allemagne et en France s’annonce confus car plusieurs priorités se chevauchent. Côté allemand, l’on cherche un successeur au Panavia Tornado, dont le début du retrait du service actif est prévu en 2025. Et, pour le moment, la préférence du chef d’état-major de la Luftwaffe, général Karl Müllner, va à un avion de cinquième génération, c’est à dire le F-35A de Lockheed-Martin.

En France, un problème identique va se poser quand il s’agira de remplacer les Mirage 2000D à l’horizon 2030 par un appareil capable d’emporter le futur missile de croisière de la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire.

L’on aurait pu penser que l’annonce, faite en juillet, par le président Macron et la chancelière Merkel au sujet du développement d’un nouvel avion de combat franco-allemand allait permettre de remplacer les Tornado et les Mirage 2000D.

Seulement, Mme le ministre des Armées, Florence Parly, précisa sur les ondes de RTL, le 14-Juillet, qu’il s’agissait plutôt de mettre au point un appareil destiné à remplacer le Rafale français et l’Eurofighter Typhoon allemand.

En attendant, pour Airbus Defence & Space, la perspective de voir la Luftwaffe se doter de F-35A car cela mettrait en danger l’industrie aéronautique européenne dans le domaine militaire. Aussi, pour Dirk Hoke, son directeur général, il pourrait être envisagé de certifier les Eurofighter allemands pour la mise en oeuvre des bombes nucléaires mises à la disposition de l’Otan par les États-Unis.

« Cela permettrait de maintenir une solution européenne, d’éviter d’acheter le F-35 […] dont les Européens n’auront jamais la maîtrise », a expliqué M.Hoke dans un entretien accordé au quotidien Les Échos. Est-il pertinent d’avoir une aviation de combat reposant que sur un seul type d’appareil? Pas sûr… Surtout s’il est décidé de clouer au sol un flotte entière après un accident.

Puis, dans un second temps, le directeur général d’ADS plaide en faveur de la mise au point d’un avion de combat de 6e génération, qui remplacerait ainsi les Eurofighter et les Rafale, voir les F/A-18 espagnols.

« Ma seule certitude est qu’il n’y aura pas de nouveaux projets européens sans une collaboration intense et forte entre Airbus et Dassault », a fait valoir M. Hoke. « Il nous faut trouver une solution gagnant-gagnant pour créer ensemble l’avion de la sixième génération qui permettra à toute l’industrie aéronautique européenne de maintenir ses compétences dans la défense. Sinon, elle serait amenée à disparaître », a-t-il continué.

Et M. Hoke d’ajouter : « L’enjeu est clair : le futur système de combat aérien européen a pour objectif de remplacer les trois avions militaires actuels, Tornado, Eurofighter et Rafale, à l’horizon 2040. »

Pour le directeur d’ADS, « ce n’est qu’en investissant ensemble dans un programme de plusieurs milliards d’euros pour un système de sixième génération que l’Europe assurera sa souveraineté ». Aussi, « la France et l’Allemagne doivent prendre le leadership et inviter évidemment les autres pays européens à les rejoindre » et « Dassault et Airbus ont des capacités parfaitement complémentaires pour le faire », a-t-il estimé.

Mais en attendant, Airbus et Dassault peinent à s’entendre sur le projet de drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) européen, connu sous le nom de « MALE RPAS ». En effet, l’industriel français a quitté les négociations portant sur cet appareil, comme l’a confirmé le journal Les Échos. Mais cela n’a pas l’air d’inquiéter M. Hoke.

« L’arbitrage rendu […] en juillet a donné le leadership de ce projet à l’Allemagne, avec la définition d’un drone doté de deux moteurs, comme l’exige le Parlement allemand », a-t-il admis. « La France comme l’Allemagne ont besoin de ce drone de surveillance, si leurs armées ne veulent pas dépendre du bon vouloir américain. Je suis sûr que nous trouverons un bon compromis », a-t-il assuré. Eh bien si ça se passe ainsi pour développer un avion de combat de 6e génération, ça promet…

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