L’armée belge confie le gardiennage de l’une de ses casernes au privé

C’est une première en Belgique : une entreprise privée, Securitas, va assurer la surveillance d’une caserne, en l’occurrence de Heverlee, où sont basés le bataillon de chasseurs à cheval, spécialisé dans la collecte d’informations, l’observation, la définition de cible et la reconnaissance (ISTAR) et les forces spéciales. C’est dire si cette emprise est sensible.

Le contrat est entré en application « depuis le 16 novembre 2017 et ce, pour une durée de quatre ans, avec possibilité de prolonger une année supplémentaire », a précisé Securitas, via un communiqué.

« Nous allons prévoir, outre le contrôle d’accès, un système de gestion de clés, du gardiennage, ainsi qu’un système de détection d’intrusion. Le concept que nous avons développé offre une combinaison d’agents de gardiennages et de solutions technologiques, comme des systèmes de caméras, de détection ou encore des armoires à clés intelligentes. Ceci est un symbole de notre philosophie, qui est de rendre le gardiennage plus intelligent et efficace », a expliqué Koen Colpaert, le porte-parole de Securitas, qui assure déjà la surveillance et la protection de bâtiments publics, d’ambassades et d’institutions internationales.

Pour le moment, ce premier contrat n’est qu’un « projet pilote ». S’il donne satisfaction, alors il sera généralisé à l’ensemble des emprises militaires belges.

Cette externalisation entre dans le cadre « de la vision stratégique de la Défense », souligne Securitas. En clair, comme il faut toujours faire autant, si n’est plus, avec des effectifs en constante diminution [il n’y a aura plus que 25.000 militaires en Belgique, à l’horizon 2030, ndlr], l’idée est de sous-traiter les tâches qui ne font pas partie du « coeur de métier ». Cela vaut pour le gardiennage mais aussi pour l’alimentation ainsi que pour d’autres fonctions.

Dans son communiqué, Securitas sélectionnera les « meilleurs profils » pour assurer la surveillance de la caserne de Heverlee. Et justement, en cette période marquée par la menace terroriste, c’est là que le bât peut blesser.

En France, où la surveillance de plusieurs sites militaires a été confiée au privé, cette politique d’externalisation interroge. Quand il était chef d’état-major des armées (CEMA), le général Pierre de Villiers avait mis le sujet sur la table, lors d’une audition parlementaire.

« Nous devons notamment nous interroger sur la pertinence de l’externalisation de certaines fonctions, comme celle du gardiennage », avait dit le général de Villiers. « Le personnel affecté sur chaque emprise doit rester le premier acteur d’une défense collective, cohérente et coordonnée », avait-il ajouté.

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