La Force conjointe du G5 Sahel attendue sur le terrain des droits de l’Homme
Alors que la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) vient de terminer sa première opération (appelée Haw Bi) dans la zone dite des trois frontières, c’est à dire aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les droits de l’Homme, Andrew Gilmour a prévenu.
« Les violations commises dans le cadre d’opérations anti-terroristes et la stigmatisation de certaines communautés contribuent à la radicalisation d’une partie de la population et à l’aggravation de l’extrémisme », a-t-il en effet déclaré, lors d’une visite au Mali, ce 15 novembre. Les plus graves de ces violations « créent plus de terroristes qu’il n’y en avait avant », a-t-il insisté.
En clair, cette force conjointe africaine, qui réunira, à terme, 5.000 soldats maliens, burkinabè, nigériens, mauritaniens et tchadiens, sera jugée à la fois sur son efficacité militaire et son respect des droits de l’Homme. Et cela pourrait être un facteur déterminant pour son financement, alors que la totalité de son budget de fonctionnement (423 millions d’euros pour un an) n’a pas encore été trouvée.
Ainsi, lors du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, qui s’est tenu en début de semaine, Patrick Youssef, le directeur adjoint du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a affirmé que « soutenur les militaires sur des questions de financement et d’armement vient avec l’obligation de respecter et faire respecter la Convention de Genève. » Sauf que, sur ce point, il y a débat pour savoir si cette dernière s’applique bel et bien aux jihadistes.
Quoi qu’il en soit, M. Youssef a indiqué que le CICR « demande aux pays de la force G5 Sahel de respecter les règles liées à l’usage de la force, en matière de détention, en matière de formation », avant de préciser que l’Union africaine avait été appelée à « veiller au respect de ces principes. »
Cela étant, la Force française Barkhane, qui appuie l’initiative du G5 Sahel, a déjà pris les devants en mettant en avant le droit des conflits armés lorsqu’elle accompagne les forces armées maliennes [FAMa]. « On ne peut pas se permettre d’avoir une force qui se délégitime par des exactions. On est très vigilants et ils savent bien que cela nous désolidariserait de leur action », a ainsi expliqué, rapporte l’AFP, le colonel Arnaud C., en poste à Gao [Mali]. « On leur dit bien qu’ici, on est dans une zone où les FAMa ont besoin de retrouver une vraie légitimité, pour des raisons séculaires, ethniques », a-t-il ajouté.
Une mise au point nécessaire quand l’on connaît les rivalités avec les Touareg, notamment, dont les relations avec le pouvoir central, à Bamako, sont exécrables (et c’est ce qui explique, en grande partie, la mainmise des groupes jihadistes sur le nord du Mali en 2012…).