Plus de 20 pays européens vont signifier leur intention de s’engager dans une « coopération militaire renforcée »

Prévue par les articles 42 et 46 du traité sur l’Union européenne, la « coopération struturée permanente » (CSP) avait été délaissée jusqu’au conseil européen de décembre 2016, c’est à dire après une succession de crises (réfugiés, Ukraine), le vote du Brexit et l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche.

Cette CSP donne la possibilité à des pays membres de l’UE de renforcer leur coopération dans le domaine militaire en prenant des engagements contraignants en la matière (participation à des forces multinationales ainsi qu’aux programmes européennes d’armement, fourniture d’unités de combat et d’un soutien logistique, etc…).

Ce 13 novembre, ce sont donc plus de 20 membres de l’UE qui vont signifier leur intention de s’engager dans cette « coopération struturée permanente », avec l’objectif de faire avancer l’Europe de la Défense. Une cérémonie sera organisée à Bruxelles, avec les ministres de la Défense et des Affaires étrangères des pays qui signeront « 20 engagements » pour développer en commun des programmes d’armement et faciliter la planification d’opérations militaires.

« C’est une grande avancée […] peut-être le projet le plus ambitieux de l’Union européenne actuellement », a commenté María Dolores de Cospedal, Mme le ministre espagnol de la Défense.

Cette CSP ouvre potentiellement la voie à un quartier général européen, contre lequel les Britanniques ont toujours marqué leur opposition, estimant qu’il ferait doublon avec celui de l’Otan.

Cela étant, de l’avis de diplomates sollicités par l’AFP, la CSP que rejoindront cette vingtaine de pays européens ne sera pas aussi ambitieuse que celle souhaitée par la France.

« La vision française de la CSP, exigeante car tournée vers la participation à des missions potentiellement risquées, a été supplantée par la vision allemande, moins ambitieuse mais soucieuse de faire participer le plus grand nombre de pays », ont-ils résumé. Même sentiment exprimé par Frédéric Mauro, un expert des questions de défense souvent sollicité par le Parlement européen.

« À une vingtaine de pays, avec une multitude de projets, c’est clairement une vision allemande qui l’a emporté, à savoir qu’il fallait éviter une fracture au sein des 27 », a-t-il expliqué. « Aujourd’hui, on est à des années lumière » de la coopération structurée permanente telle que prévue dans les traités. […] Ca n’a aucune chance de marcher », a-t-il estimé.

Concrètement, les pays qui signeront cette CSP prendront l’engagement, juridiquement contraignant, d’augmenter leurs dépenses militaires et de consacrer 2% des budgets totaux de la Défense dans la recherche et la technologie ainsi que 20% pour l’acquisition d’équipements devant permettre de « combler » des « lacunes » capacitaires.

Les pays signataires vont aussi s’engager à « soutenir de façon substantielle » les missions militaires de l’UE « avec du personnel, du matériel, des entraînements, du soutien pour des exercises (et) des infrastructures. » Ce qui, théoriquement, devrait éviter les soucis de l’opération européenne EUFOR RCA, laquelle ne put être lancée que par l’apport significatif de la Géorgie, pourtant non membre de l’Union.

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