Niamey demande à Washington de déployer des drones armés sur son territoire

Alors que le Congrès des États-Unis envisage de revoir la loi autorisant l’usage de la force armées (AUMF), adoptée après les attentats du 11 septembre 2001, l’ampleur de l’engagement militaire américain en Afrique fait débat, outre-Atlantique. Notamment après l’embuscade qui, tendue par des membres présumés de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), a coûté la vie à quatre « Bérets verts » au Niger, le 4 octobre dernier.

Des militaires américains sont ainsi équipés « pour le combat » et déployés dans plusieurs pays africains. En Somalie, par exemple, ou encore récemment en Libye, il s’agit d’y mener des opérations contre les groupes jihadistes. Au Cameroun, leur présence vise à soutenir les efforts contre le Boko Haram. Au Niger, leur mission consiste officiellement à « entraîner, conseiller et assister » les forces locales pour leur permettre de mener, par elles-mêmes, leur propres opérations anti-terroristes.

« On peut appeler ça entraîner et équiper, mais je soupçonne fort qu’au Niger, il s’agit de bien plus que ça », a déclaré le sénateur Rand Paul (élu du Kentucky). Et il s’agit d’un peu plus que ça, effectivement. À Agadez, dans le centre de ce pays, les forces américaines sont en train de construire une base aérienne 201, non sans difficultés d’ailleurs, malgré les 100 millions de dollars d’investissement.

Devant être opérationnelle en 2017, la base d’Agadez ne pourra l’être pleinement que l’an prochain. « Les opérations américaines sur une nouvelle base au Niger seront retardées d’un an alors que les équipes de travail luttent contre les tempêtes de sable et les obstacles logistiques pour achever l’un des plus grands projets de l’histoire de l’US Air Force », a ainsi indiqué le magazine Star and Stripes, le 1er novembre.

Les travaux en cours doivent permettre la mise en oeuvre, depuis Agadez, d’avions de transport stratégique C-17, d’appareils spécialisés dans la collecte de renseignements et de drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) de type MQ-9 Reaper. Cette base est idéalement située pour surveiller de très près les groupes terroristes présents dans la bande sahélo-saharienne (BSS), dans le nord du Nigéria ou encore dans le sud de la Libye.

Fin octobre, plusieurs médias américains ont rapporté que le Pentagone envisageait d’y envoyer des drones armés. Mais encore faut-il en obtenir l’autorisation (les forces françaises l’ont déjà). A priori, cela ne devrait pas poser de problèmes parce que les autorités nigériennes ont demandé à Washington le déploiement de tels appareils. C’est, en tout cas, ce qu’a révélé Kalla Mountari, le ministre nigérien de la Défense.

« Je leur ai demandé il y a quelques semaines de les armer [les drones] et de les utiliser au besoin », a en effet déclaré M. Mountari, dans un entretien donné à l’agence Reuters. Interrogé sur la réponse donnée par Washington, il a répondu que « nos ennemis le découvriront ».

Quant au rôle des troupes américaines au Niger, où elles compteraient jusqu’à 800 personnels, le ministre nigérien a confirmé les doutes exprimés par le sénateur Rand Paul. « Les Américains ne se contentent pas d’échanger des informations avec nous. Ils font la guerre quand c’est nécessaire », a-t-il dit. « Nous travaillons main dans la main. La preuve évidente est que les Américains et les Nigériens sont tombés sur le champ de bataille pour la paix et la sécurité de notre pays », a-t-il ajouté, en faisant référence à l’embuscade du 4 octobre, au sujet de laquelle il a refusé de donner plus de précisions.

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