La Corée du Sud ne se dotera pas de l’arme nucléaire

En août, alors que la Corée du Nord venait de tester deux missiles balistiques intercontinentaux et s’apprêtait à réaliser son sixième essai nucléaire (lequel, d’une puissance inégalée, a été effectué le 3 septembre), des responsables politique et des journaux sud-coréens réclamèrent le redéploiement d’armes nucléaires tactiques américaines, voire à doter la Corée du Sud de son propre arsenal.

« Nous devons disposer de nos propres options militaires pour défaire le Nord » pour « instaurer un équilibre de la terreur », avait ainsi plaidé le journal économique Korea Economic Daily. Et, visiblement, cela allait dans le sens de l’opinion publique sud-coréenne, un sondage réalisé en 2016 ayant indiqué que 57% des personnes interrogées étaient favorables à une telle issue.

Mais, pour cela, il faudrait que Séoul puisse en avoir les moyens (ce qui ne poserait pas de problème, selon le ministre sud-coréen de la Défense, Song Young-Moo, qui affirma que son pays était « pleinement capable » de développer son arsenal nuclaire) et revoie ses engagements internationaux, en se retirant notamment du Traité sur non-prolifération (TNP).

Mais telle n’est pas la voie que compte suivre Moon Jae-In, le président sud-coréen. « Les efforts de la Corée du Nord pour devenir un État nucléaire ne peuvent être acceptés ou tolérés » mais « nous n’allons pas développer ou posséder (des armes) nucléaires », a-t-il en effet déclaré devant le Parlement, le 1er novembre.

Pour le président Moon, il n’est pas question de revenir sur « la déclaration conjointe de dénucléarisation de la péninsule coréenne proclamée par les deux Corées » en 1992. À l’époque, Pyongyang et Séoul avaient convenu de s’abstenir de se doter d’un arsenal nucléaire. D’où le retrait des armes tactiques américaines, qui, à en juger par les doutes exprimés par James Mattis, le chef du Pentagone, ne sont pas prêtes d’être redéployées en Corée du Sud.

En 1994, la Corée du Nord sembla respecter ses engagements en signant un accord de dénucléarisation avec les États-Unis, en échange d’une aide économique et énergétique. L’on connaît la suite : 12 ans plus tard, Pyongyang réalisa son premier essai nucléaire, après son retrait du TNP, en 2002.

Par ailleurs, le président Moon a écarté l’idée de toute intervention militaire américaine contre la Corée du Nord. Une option ouvertement évoquée ces derniers mois.

Les Sud-Coréens doivent « déterminer eux-même l’avenir de (leur) nation » et « il ne doit pas y avoir d’action militaire sur la péninsule sans notre accord préalable », a affirmé le président Moon. « Nous n’allons pas reproduire les tragédies de l’Histoire, comme la colonisation ou la division, au cours desquelles le sort de notre nation a été déterminé sans égard pour notre volonté », a-t-il fait valoir.

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