Pour Airbus, la mise au point des capacités tactiques de l’A400M est un « défi extrêmement complexe »

En juillet, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), le général André Lanata, estimait que les problèmes de boîtes de transmission moteur (Propeller Gear Box) de l’avion de transport A400M « Atlats » semblait « plutôt derrière nous ». Et, la disponibilité s’était améliorée, passant de 0/1 à 5/6 avions disponibles sur les 11 livrés par Airbus.

Pour autant, à en croire Christian Cambon, le président de la commission sénatoritale des Affaires étrangères et des Forces armées, la disponibilité de cet appareil est repartie à la baisse. « On nous parle de trois fonctionnels sur les onze que nous avons, à telle enseigne que, pour intervenir sur les zones touchées par l’ouragan Irma, nos troupes ont dû emprunter des A400M allemands! », a-t-il dit, lors de l’audition de Joël Barre, le Délégué général pour l’armement (DGA).

Mais le sujet principal reste la mise au point des capacités tactiques de l’A400M. Les premiers avions ont été livrés dans un standard qui ne correspondait pas à celui qui était attendu par l’armée de l’Air. D’où le plan « Hexagone », lancé pour doter ces avions de fonctionnalités tactiques prioritaires, dont notamment l’atterrissage sur terrain sommaire, la détection de missiles ou encore le largage des charges par gravité.

Pour le moment, ce plan a fonctionné puisqu’Airbus a livré 6 avions dotés de ces capacités en 2016. Mais la mise au point des autres, dont le ravitaillement en vol des hélicoptères, les contre-mesures électroniques et le largage simultané de parachutistes par les portes latérales.

« J’appelle de mes vœux la fixation d’un nouveau jalon, comparable au plan Hexagone, pour garantir non pas l’arrivée des fonctionnalités tactiques au fil de l’eau mais une capacité opérationnelle stabilisée incluant un nombre d’avions dans un nouveau standard, donc leur rétrofit et une échéance précise », avait indiqué le général Lanata, en juillet.

Selon un rapport du ministère allemand de la Défense, évoqué en mai par Reuters, il faudrait 12 à 18 mois à Airbus pour régler cette question des capacités tactiques. « Étant donné le sous-financement du programme et les demandes attendues liées aux pénalités de retard, Airbus ne fera pas les investissements nécessaires pour réaliser les améliorations requises », estimaient les auteurs de ce document, pour qui « l’utilisation opérationnelle de l’avion était de ce fait menacée. »

Et a priori, ce rapport ne s’était pas trompé. « La réalisation des capacités techniques contractuelles et les coûts associés demeurent des défis extrêmement complexes. Il en est de même pour la sécurisation de commandes suffisantes à l’export, la réduction des coûts, l’efficience industrielle et le risque commercial », a ainsi fait savoir Airbus, via un communiqué relatif à ses résultats sur les 9 premiers mois de l’année.

Durant cette période, 12 A400M ont été livrés par Airbus, soit un de plus par rapport à la même époque, en 2016. « Les niveaux de production ont été ajustés pour absorber les stocks », a précisé le constructeur, ajoutant que ces « défis pourraient avoir un impact significatif sur le programme. »

Ainsi, Airbus a déboursé 150 millions d’euros de plus pour l’A400M, dont 80 millions au troisième trimestre. Cette somme reflète « l’ajustement de production et les dommages-intérêts induits », certains clients, comme l’Allemagne, lui ayant infligé des pénalités pour ne pas avoir respecté le calendrier des livraisons.

Plus de 7 ans après avoir obtenu une rallonge de 3,5 milliards d’euros auprès des clients de l’A400M, dont le coût avait été évalué 20 milliards d’euros, Airbus espère bien obtenir de nouvelles aides financières, ou au moins l’abandon des pénalités financières.

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