Mme Parly annonce 12 mesures pour améliorer le quotidien des militaires et le soutien des familles

Entre les mutations, fréquentes, qui perturbent la scolarité des enfants et la carrière professionnelle des conjoints et les longues absences, parfois imprévues, dues à un rythme opérationnel élevé, concilier le métier de militaire avec une vie familiale épanouie n’est pas toujours évident.

D’ailleurs, un rapport parlementaire publié en février soulignait une « augmentation du nombre de divorces ou l’apparition de nouvelles difficultés au sein des familles », ce qui constituait « une problème de fidélisation ». Le « moral du militaire dépend fortement de celui de ce qu’on appelle sa ‘base arrière' » et le « bien-être de la famille est donc une condition essentielle de l’efficacité de nos armées », avait d’ailleurs expliqué le député Charles de la Verpillière, l’un de ses co-auteurs.

D’où le plan d’accompagnement des familles et d’amélioration des conditions de vie des militaires que vient d’annoncer Florence Parly, Mme le ministre des Armées, ce 31 octobre.

Fruit d’une « vaste concertation » et élaboré conjointement avec les organismes de concertation militaire et les associations, ce plan, dont le volet « Famille » est doté de 300 millions d’euros de crédits nouveaux sur 5 ans, apporte « de nouvelles réponses visibles, concrètes et globales aux contraintes inhérentes à la vie militaire », est-il ainsi assuré.

Ce plan prend en compte « les évolutions sociétales qui redéfinissent aujourd’hui la cellule familiale » et vise à « acompagner des faits de société parfois exacerbés par la singularité militaire : travail des deux parents, familles monoparentales, célibataires géographiques, divorcés ou séparés avec droit de visite et d’hébergement de leurs enfants. »

Au total, le plan annoncé par Mme Parly prévoit 12 mesures, qui seront appliquées pour l’essentiel dès 2018.

Ainsi, pour mieux prendre en compte les absences opérationnelles, il est prévu d’élargir et de simplifier l’offre de prestations sociales, afin de faciliter la vie du conjoint « supportant seul les charges de la famille » pendant les missions.

Le nombre de places en crèches sera porté à 2.556 d’ici 2022 (soit +20%) et il sera proposé au militaire d’établir une « procuration afin que celui-ci désigne une personne (conjoint, parent, etc.) pouvant agir en son nom auprès de l’administration militaire en son absence. »

Il est également question de déployer dans toutes les enceintes militaires (en garnison et en opérations) un réseau internet wifi gratuit pour permettre aux militaires de rester en contact avec leurs familles.

Le plan veut aussi amplifier le soutien mortal et psychologique des familles, que ce soit avant, pendant et après les missions. « L’accès au soutien psychologique existant mis en place dans les armées (Écoute Défense, prestataire extérieur, psychologues des armées) sera facilité grâce à une meilleure communication autour de ces dispositifs », y est-il assuré.

Autre point important : les militaires n’avanceront plus les fonds lors de leurs déplacements en missions.

« La mesure consistera à créer une plateforme pour les déplacements en mission (transport et hôtellerie, notamment) afin de ne pas faire subir aux familles, sur un plan financier, l’absence imposée pour des raisons de service et éviter, hors cas d’urgence, l’avance de frais par le personnel », précise le plan.

Pour la mobilité, quelques mesures de bon sens ont été prises. Comme par exemple celle visant à éditer les ordres de mutation « cinq mois avant la date d’affectation » pour « 80% des cas ». Selon le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM), en 2015, 51% des mutations avaient été annoncées avec un préavis inférieur à 3 mois (dont 25% avec un préavis d’un mois seulement

Les contraintes liées aux déménagements vont être allégées, avec la mise en place, en 2019, d’une solution dispensant le militaire d’avancer des frais et en l’exonérant de la « recherche d’un déménageur et de l’essentiel des formalités administratives. »

S’agissant de l’offre de logements, il est question de la renforcer et de l’améliorer dans « les zones de densification ou de tension locative forte en métropole et dans les Outre-mer tout en facilitant l’accession à la propriété. » L’objectif est de pouvoir proposer 660 logements de plus entre 2018 et 2020.

Quant aux incidences d’un changement d’affectation sur la scolarité des enfants, il est prévu d’assouplir le « mode d’inscription des enfants de militaires en établissements scolaires et universitaires sur le lieu d’arrivée de la famille en cas de mutation l’année du baccalauréat. » Les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur seront invités à « prendre en compte la mobilité par anticipation pour les civils et les militaires dans le futur logiciel gérant les admissions post-bac. » S’agissant de la carrière professionnelle du conjoint, le plan n’est pa très précis. Il y est seulement fait mention d’un « accompagnement ».

Dernier volet de ce plan : la vie sociale et culturelle des familles de militaires. Deux outils Internet verront le jour : un portail recensant toutes les offres et de soutien et d’accompagnement social de différents organismes (IGESA, ASA, logement, etc) et un forum appelé à faciliter le partage de bons procédés et d’actions d’entraide (garde d’enfants, petites annonces, etc.). Sur ce point, il s’agit de donner plus de visibilité à la page « Familles » du site du ministère des Armées qui, à l’heure actuelle, n’est pas très accessible.

Les crédits « d’action sociale communautaire et culturelle » (ASC), engagés dans le cadre des comités sociaux présidés par les commandements de bases de défense, vont être augmentés afin d’accroître les « capacités d’organisation d’activités de cohésion. »

Pour les familles les plus fragiles et les couples séparés, une prestation sociale forfaire et limitée dans le temps va être créée afin de « prendre en compte les frais engagés pour la nuitée et la restauration lors de l’accueil des enfants ». Son montant sera de 100 euros par nuité, majoré de 30 euros par enfant.

Enfin, l’accompagnement des familles de militaires blessés ou tués en mission va être renforcé. Le « portail numérique du blessé » sera développé pour « moderniser et simplifier l’accompagnement offert aux militaires blessés et à leurs familles », en offrant la possibilité d’effectuer des démarches en ligne. Il favorisera « un suivi des militaires blessés tout au long de leur vie avec des informations simplifiées et adaptées. »

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