Le Canada suspend son assistance militaire en Irak

Le 25 octobre, et après avoir perdu les positions que les Peshmergas [combattants kurdes irakiens, ndlr] occupaient dans la région de Kirkouk, le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a proposé à Bagdad de geler les résultats du référendum sur l’indépendance, qui avait recueilli un oui massif il y a un mois, ainsi qu’un « cessez-le-feu immédiat ».

« Insuffisant », lui a répondu Haider al-Abadi, le Premier ministre irakien, lequel exige l’annulation pure et simple du référendum avant toute discussion. Puis, le lendemain, il a ordonné une offensive dans les environs de Zumar, près des frontières turque et syrienne, pour reprendre aux Peshmergas le poste-frontière d’Ibrahim Khalil afin de mettre la main sur le terminal pétrolier de Pech Khabour, pierre angulaire d’un réseau d’oléoducs entre l’Irak, le Kurdistan et la Turquie. Ce qui a donné lieu à des combats, les forces et les milices chiites irakiennes y ayant rencontré une vive résistance de la part des combattants kurdes.

En outre, Bagdad semble se préparer à lancer une autre offensive en direction des puits de pétrole de Khurmala, à 50 km au sud d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. L’objectif ainsi suivi est de mettre un terme à l’indépendance économique des Kurdes, laquelle repose sur l’exploitation pétrolière.

Cela étant, le 27 octobre, un accord de cessez le feu a été conclu entre les Peshmergas et les forces irakiennes, apparemment par l’intermédiaire de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

C’est dans ce contexte que Ottawa a annoncé la suspension de son assistance militaire en Irak, en raison, justement, des tensions entre Bagdad et le Kurdistan Irakien. Pour rappel, en 2016, dans le cadre de l’opération Impact, le Canada a triplé les effectifs de ses forces spéciales déployés auprès des combattants kurdes afin de les former et de les conseiller pour faire face à l’État islamique (EI ou Daesh).

« Une fois qu’il y aura plus de clarté dans les relations entre les forces de sécurité irakiennes » ainsi que sur « les principales priorités et tâches à opérer » dans la lutte contre l’EI, les militaires canadiens reprendront leur assistance », a expliqué Dan Le Bouthillier, porte-parole du ministère canadien de la Défense.

Et ce dernier en a profité pour rappeler qu’il reste encore des efforts à faire contre l’EI. Ainsi, cette semaine, les jihadistes ont lancé une offensive au sud-ouest de Mossoul, dans le désert de Hatra. Et il reste encore aux forces irakiennes (ainsi qu’à la coalition) à chasser l’organisation terroriste de ses derniers bastions en Irak, notamment à Al-Qaïm et à Rawa, dans l’ouest du pays.

Aussi, pour Ottawa, l’important est de consolider les « acquis récents » obtenus contre Daesh. « Les forces de sécurité irakiennes, avec tous les membres de la coalition, ont fait des progrès substantiels ces derniers mois et contrôlent désormais la grande majorité de leur territoire », a rappelé M. Le Bouthillier. Et malgré ça, « la lutte contre l’EI et l’extrémisme violent est loin d’être terminée » car les combattants de l’EI « contrôlent toujours des positions en Irak », a-t-il ajouté.

Si « la situation sur le terrain reste fluide, il faut du temps pour consolider les acquis récents, libérer tout le territoire tenu par l’EI et se concentrer de plus en plus sur les défis de la stabilisation », a encore fait valoir M. Le Bouthillier.

L’engagement des forces spéciales canadiennes n’a pas manqué de susciter la polémique à Ottawa, étant donné qu’elles ont eu à livrer des combats contre les jihadistes, ce qui n’était pas prévu dans leur mandat.

 

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