Les États-Unis envisagent de renforcer leur présence militaire en Afrique

La semaine passée, le député européen (LR) Arnaud Danjean, qui a présidé le comité de la Revue stratégique, a prévenu que « d’autres théâtres de jihad allaient apparaître », avec les revers infligés à l’État islamique (EI) au Levant. Et de citer l’Asie du Sud-Est et l’Afrique de l’Ouest comme « foyers jihadistes potentiels. »

Le général Joseph Dunford, le chef d’état-major interarmées américain, n’est pas loin de partager la même analyse. Revenant sur l’embuscade qui a coûté la vie à 4 militaires du 3rd Special Forces Group de l’US Army au Niger, le 4 octobre dernier, il en effet expliqué que, après la perte de Raqqa et de Mossoul, l’EI cherchait à se « repositionner ». Et « l’Afrique est l’un des endroits où nous savons qu’il espère renforcer sa présence », a-t-il dit.

La guerre « est en train de se déplacer », a insisté le général Dunford. « Je ne suis pas sûr qu’on puisse dire qu’elle se déplace vers l’Afrique seulement. Nous sommes confrontés à un défi qui s’étend de l’Afrique de l’Ouest à l’Asie du Sud-Est », a-t-il ajouté.

« Nous savons à quel point la Libye et le Sinaï sont importants pour l’EI. Nous savons à quel point ils ont essayé de s’établir en Afrique de l’Est et bien sûr, nous parlons maintenant de l’Afrique de l’Ouest », a continué le général Dunford. Comme l’a expliqué ce dernier, les jihadistes cherchent à s’implanter là où il peut « exploiter les faiblesses des forces de sécurité et des gouvernements locaux. »

« C’est bien pourquoi nous conduisons les sortes d’opérations que nous avons au Niger, pour nous assurer que les forces locales ont la capacité de les en empêcher », a souligné le chef d’état-major interarmées.

« Nous allons faire des recommandations au secrétaire [à la Défense, James Mattis] et au président [Donald Trump] sur la répartition des unités nécessaires pour répondre au niveau de menace que nous évaluons », a indiqué général Dunford.

Actuellement, « environ 800 militaires américains travaillent au Niger dans le cadre d’un effort international mené par 4 000 soldats français pour vaincre des terroristes en Afrique de l’Ouest », a-t-il précisé. Certains sont affectés à la base aérienne d’Agadez, située dans le centre du pays.

S’agissant des circonstances de l’attaque ayant visé les soldats nigériens et les hommes du 3rd Special Forces Group, le général Dunford a précisé que le chef de groupe avait attendu une heure avant de demander un appui aérien [qui fut fourni par la force française Barkhane], alors que les soldats nigériens et américains étaient accrochés par une cinquantaine de combattants présumés appartenir à l’État islamique au Grand Sahara (EIGS).

« Le combat a été dur et confus », a souligné le général Dunford. Mais « il y a des questions auxquelles il faudra répondre », a-t-il continué. « La mission des forces américaines a-t-elle changé pendant l’opération? Avaient-elles la formation, l’équipement et les les renseignements adéquats? Y a-t-il eu une évaluation préalable de la menace dans la zone? », a-t-il énuméré.

Normalement, les militaires américains ne sont pas censés partir en patrouille avec les forces locales quand il y a un risque de combat. Mais cela va sans doute évoluer, à en croire le sénateur Lindsey Graham. Ces règles d’engagement « vont changer dans le cas des opérations anti-terroristes », a en effet affirmé l’influent sénateur Graham, le 20 octobre, après un entretien avec le chef du Pentagone. Et pour lui comme pour le général Dunford, il ne fait aucun doute que « nous allons assister à davantage d’actions en Afrique. »

Environ 6.000 militaires américains seraient déployés dans 53 pays africains, en particulier en Somalie, où un renforcement de leur présence est envisagé, après l’attentat qui a fait plus de 350 tués à Mogadiscio.

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