Un sous-marin russe a donné du fil à retordre aux forces navales occidentales en Méditerranée

La nouvelle classe de sous-marins russes à propulsion diésel-électrique « Improved Kilo » (projet 636.3) va donner du fil à retordre aux forces navales de l’Otan. C’est en effet ce que l’on peut conclure d’un long et passionnant récit que vient de publier le Wall Street Journal.

Ainsi, en avril dernier, le sous-marin Krasnodar se préparait quitter la mer Baltique pour rejoindre la Flotte de la mer Noire, en Crimée. Son départ ayant été annoncé, l’Otan put suivre son périple d’autant plus facilement qu’il naviguait en surface. Un navire néerlandais et un hélicoptère NH-90 NFH commencèrent donc par le suivre (et en profita pour le prendre en photographie) en mer du Nord, avant de passer le relais à la frégate HMS Somerset de la Royal Navy.

Arrivé près de Gibraltar, le sous-marin russe fut surveillé par un patrouilleur espagnol, puis par un croiseur américain après son passage en Méditerranée, vers la mi-mai. Officiellement, le Krasnodar devait participer à des exercices en Libye, d’où l’avertissement lancé à ce sujet aux compagnies aériennes par le ministère russe de la Défense.

Seulement, le 29 mai, un communiqué informa que le Krasnodar avait lancé des missiles de croisières Kalibr contre des positions tenues par l’État islamique (EI ou Daesh) à Palmyre (Syrie). Or, le porte-avions américain USS George H Bush devait arriver dans la zone quelques jours plus tard, dans un contexte marqué par des tensions croissantes entre les forces russes et la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

Or, « à ce moment-là, le Krasnodar s’était glissé sous les vagues et avait commencé le jeu de cache-cache », écrit le Wall Street Journal. Pendant plusieurs jours, en juin, les hélicoptères MH-60R Seahawk du groupe aéronaval américain ont traqué le sous-marin russe, tandis que les sonars et autres capteurs tournaient à plein régime. Des avions de patrouille maritime P-8 Poseidon, basés à Sigonella, en Sicile, furent sollicités.

« Les sous-marins russes sont devenus plus silencieux mais le jeu du chat et de la souris est resté au même niveau qu’il y a 20 ans », a commenté le commandant Edward Fossati, le patron de l’Helicopter Strike Squadron 70.

Les données relatives à cette traque sont confidentielles. En tout cas, l’on sait que le Krasnodar tira une nouvelle salve de missiles le 23 juin, soit 5 jours après qu’un avion Su-22 syrien fut abattu par un F/A-18 Super Hornet du porte-avions américain. Cette séquence fuit suivie par une frégate française (a priori, la FLF La Fayette) et des moyens américains.

L’on sait également que, les jours suivants, des P8 Poseidon de l’US Navy furent repérés au sud de Chypre grâce aux données de leur transpondeur relayées par les sites spécialisés. Réussirent-ils à repérer le Krasnodar? Mystère… Quoi qu’il en soit, le sous-marin russe refit surface le 30 juillet, à Tartous, pour la journée de la marine russe. Puis il mit le cap en direction de Sébastopol, sa mission ayant été accomplie.

À cette époque, l’USS George H. Bush se trouvait en Écosse, pour participer à l’exercice Saxon Warrior. Et d’après un officier américain, ces manoeuvres ont aussi été suivies par un autre submersible russe. Le Wall Street Journal croit savoir qu’il s’agissait du K-560 Severodvinsk ou du K-561 Kazan, deux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de la classe Iassen.

Ce qu’aucun responsable de l’Otan n’a souhaité confirmé. En tout cas, fin août, au moins un P-8 Poseidon fut sollicité pendant trois jours pour des vols entre l’Écosse et la Norvège. De même que des avions de patrouille maritime canadiens et français.

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