Pour le secrétaire général de l’Otan, l’option militaire contre la Corée du Nord serait « dévastatrice »
Depuis quelques jours, la Corée du Nord ne fait plus parler d’elle avec des essais nucléaires ou des tirs de missiles. Pour autant, les forces américaines ont assuré une nouvelle démonstration de force, le 11 octobre, avec l’envoi de deux bombardiers B-1B Lancer au-dessus de la péninsule coréenne.
La veille, le président américain, Donald Trump, avait été informé par les responsables du Pentagone sur les options militaires possibles pour « répondre à toute forme d’agression de la Corée du Nord et, si nécessaire, pour empêcher la Corée du Nord de menacer les Etats-Unis et leurs alliés avec des armes nucléaires. »
En septembre, le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, avait évoqué l’existence de « nombreuses options militaires, que nous pouvons adopter, de concert avec nos alliés, pour défendre nos alliés et nos propres intérêts. »
Et, le 7 octobre, le locataire de la Maison Blanche, fit part de son impatience sur le dossier nord-coréen. « Les présidents et leurs administrations parlent à la Corée du Nord depuis 25 ans. […] Les accords passés et les montants massifs d’argent versés n’ont pas eu d’effet. […] Les accords ont été violés avant même que l’encre ne soit sèche. […] , mais il n’y a qu’une seule chose qui marchera », avait-il en effet lancé via Twitter, sans plus de détails. Doit-on en conclure qu’une opération militaire serait dans les tuyaux?
En tout cas, pour le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, une intervention militaire contre la Corée du Nord n’est pas une solution. Elle aurait des « conséquences dévastatrices« , a-t-il même estimé, ce 13 octobre, lors d’un entretien donné à l’AFP.
« L’usage de la force militaire aura des conséquences dévastatrices, je pense que personne ne veut vraiment cela », a dit M. Stoltenberg, alors qu’il était interrogé sur les propos « guerriers » tenus par M. Trump au sujet de la Corée du Nord.
« Les Etats-Unis ont le droit de se défendre et de défendre leurs alliés, mais en même temps je suis tout à fait certain que personne ne veut une solution militaire », a continué le secrétaire général de l’Otan, qui doit se rendre au Japon et en Corée du Sud pour témoigner du soutien de l’Alliance.
« Il faut une pression économique forte sur la Corée du Nord, il faut continuer d’utiliser tous les moyens politiques et diplomatiques disponibles parce que ce qu’ils [les dirigeants nord-coréens, ndlr] font maintenant est dangereux et (constitue) une menace mondiale qui requiert une réponse mondiale », a fait valoir l’ancien Premier ministre norvégien. « Se contenter de regarder ce que fait la Corée du Nord n’est pas acceptable du tout! », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, les missiles nord-coréens préoccupent M. Stoltenberg. Et il n’est pas le seul. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a encore récemment estimé que Kim Jong-Un, le chef du régime nord-coréen, était un « provocateur méthodique, capable d’user de cette capacité pour frapper ». Et d’ajouter : Il peut « remettre en cause non seulement l’équilibre stratégique de la région, mais être aussi une menace pour les Etats-Unis et pour l’Europe. Il y a un danger. La situation est grave. »
La prise en compte de cette menace passe par la défense antimissile que met en place l’Otan. « Nos experts travaillent sur la technologie, sur comment améliorer nos systèmes », a dit M. Stoltenberg, qui est tout aussi préoccupé par le « développement continu des capacités des missiles » iraniens. « C’est la raison pour laquelle nous avons développé notre propre système anti-missile qui est en train d’être étendu en Europe », a-t-il affirmé.