Soldes : La crise de Louvois est « sous contrôle », assure le Secrétaire général pour l’administration

Quand il a été lancé sous l’égide de la Direction générale de l’armement (DGA) en décembre 2014, le programme Source Solde devait remplacer le Logiciel unique à vocation interarmées de la solde (Louvois) à partir de 2017.

Seulement, il faudra encore patienter pour que soit définitivement déconnecté ce programme informatique responsable de trop nombreux dysfonctionnements ayant plongé de familles de militaires dans des situations financières très difficiles en ne versant pas les soldes [salaires, ndlr] prévues.

Ce logiciel a donné lieu à deux types de problème. Soit le militaire ne touchait que partiellement sa solde (quand elle était versée), soit il percevait une somme plus élevée qu’escompté, ce qui donna lieu à des problèmes avec l’administration fiscale et les organismes sociaux, ses droits à certaines prestations ayant pu lui être retirés.

En attendant, les mesures prises par le ministère des Armées ont, semble-t-il, permis un régler en grande partie la crise causée par Louvois. Du moins, c’est ce qu’a affirmé Jean-Paul Bodin, le Secrétaire général pour l’adminstration (SGA), lors d’une audition au Sénat, ce 11 octobre.

S’il y a encore des difficultés, « de mon point de vue, la crise du logiciel Louvois est sous contrôle, dans la mesure où, aujourd’hui, 97% des soldes calculées (sur 180.000) et versées chaque mois l’ont été en utilisant Louvois, sans avoir à effectuer des corrections », a déclaré M. Bodin.

Sur les 3% des soldes où des soucis ont été constatés, 2,8% (dont un peu plus 5.000) ont exigé des « corrections que nous pouvons faire manuellement avant la mise en paiement », a indiqué le SGA. Ces corrections sont faites en comparant les bulletins mensuels de soldes (BMS) d’un mois sur l’autre.

Les difficultés potentiellement dommageables ne concerneraient plus que seulement 0,2% des soldes, c’est à dire qu’elles obligent à réaliser des « paiements manuels en dehors de Louvois ».

Ces résultats n’ont pu être obtenus que grâce à l’implication des équipes du Commissariat des armées et des Centres d’expertise des ressources humaines et de la solde (CERHS) de Nancy pour l’armée de Terre et de Toulon pour la Marine nationale. Difficulté supplémentaire, il faut en plus intégrer, tous les deux mois, de nouvelles données dans le calculateur, en particulier celles liées aux évolutions des taux de primes et autres indemnités.

Quant aux sommes indues, leur montant, depuis l’entrée en service de Louvois, il y a maintenant 6 ans, s’élève à 534 millions d’euros. Et à ce jour, 444 millions ont fait l’objet d’une demande de remboursement auprès des militaires concernés, lesquels ont la possibilité de demander des délais de paiement (qui sont toujours acccordés, selon le SGA) pour rembourser les sommes qu’ils ont indûment perçues.

Toutefois, signe que l’admnistration n’est pas infaillible , le SGA a abandonné l’idée de récupérer 15% des indus (soit 78,5 millions d’euros parce qu’ils n’avaient pas été « justifiés clairement ». « Des militaires ont contesté les sommes et on a reconnu qu’il pouvait y avoir des erreurs ou des manques de précision dans notre demande de précision », a expliqué M. Bodin.

Quant au logiciel Source Solde, développé par la société Sopra-Steria, le SGA n’a pas été en mesure de donner la date de son déploiement. « Cela fait l’objet de discussions actuellement et on en saura vraisemblablement à la fin de l’année si nous pouvons basculer en 2018 », a-t-il dit.

Cela étant, la Marine nationale, qui sera la première à être raccordée à Source Solde, a fait part de quelques conditions. Par exemple, elle souhaite que la mise en place du logiciel se fasse soit avant l’été (soit avant les mutations annuelles), soit à l’automne. En tout état de cause, l’armée de Terre devra composer avec Louvois au moins jusqu’en 2019 (l’armée de l’Air n’étant pas concerné puisqu’elle a conservé son logiciel de paiement des soldes).

Pour le moment, des essais sont en cours. Il s’agit d’éditer des « soldes à blanc » afin de détecter les anomalie. Suivra une phase d’analyse de « l’ensemble des restituations financières et comptables » ainsi obtenues.

Puis, les bulletins de soldes seront édités à la fois par Louvois et Source Solde, pour ensuite « examiner les différences qu’il pourrait y avoir et détecter si ces différences résultent de données liées aux personnels qui auraient été mal introduites ou si elles résultent de difficultés du calculateur en tant que tel », a expliqué M. Bodin. Si la « sécurisation » des données est un enjeu crucial, l’on peut toutefois se demander s’il est bien pertinent de s’appuyer sur un calculateur pas complétement fiable pour établir des comparaisons…

Toutefois, a souligné le SGA, cette phase a pour objectif de vérifier l’ensemble des indemnités et primes. « Dans les analyses qui ont pu être faites de la crise Louvois, nous savons que toutes les indemnités et primes n’avaient pas été vérifiées et calculées, notamment dans l’armée de Terre », a-t-il indiqué. Ce qui explique bien des choses et laisse en suspens cette question : qui, à l’époque, a décidé de passer outre?

La décision de lancer Source Solde sera prise par le ministre des Armées (en l’occurrence Mme Parly). Elle sera proposée par le chef d’état-major des armées (CEMA), le Délégué général pour l’armement (DGA) et le Secrétaire général pour l’administration, en tant que responsable du Titre II, c’est à dire le paiement des soldes. Pour l’instant, on n’en est pas encore là.

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