La Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense manque d’agents pour contrôler les sites militaires

En 2015, peu après le vol d’explosifs et de détonateurs au dépôt du Service Inter-armées des Munitions (SIMU) de Miramas, le député (LR) François Cornut-Gentille posa une question écrite au ministère de la Défense pour savoir quand ce site avait été contrôlé pour la dernière fois par le Groupement de sécurité des installations militaires (GSIM) de la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD). Et il lui fut répondu que le dernière inspection remontait à février 2007 et qu’une autre avait été prévue pour… 2016.

Qui plus est, le député indiqua, à l’époque, que 7% des sites militaires devant être contrôlés par la DPSD en 2014 ne l’avaient finalement pas été. Les choses devaient s’améliorer l’année suivante (l’affaire de Miramas étant passé par là) puisque l’objectif d’inspecter 97% des emprises figurant au programme fut fixé.

Sur ce point, certains parlementaires s’étonnèrent que l’objectif de contrôler la totalité des sites prévus ne fût pas visé par la DPSD.

« Au regard des menaces qui pèsent sur l’ensemble des sites, il est difficilement compréhensible que l’objectif de 100 % ne soit ni visé, et encore moins atteint. Le vol de détonateurs et pains de plastic dans l’enceinte de l’établissement de munitions régional de Miramas en juillet 2015 démontre qu’en la matière, la marge est nulle. Malgré cet épisode, l’objectif pour 2016 a été fixé à 97 % », estima en effet Valérie Rabault, dans un rapport relatif au projet de loi de finances pour 2016.

Depuis, la DPSD a changé de nom pour devenir la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD), avec, à la clé, une hausse de ses effectifs, amorcée en 2014. Cela étant, ces derniers avaient été considérablement diminués à partir de 2008, passant de 1.500 à seulement 1.053 personnels à la fin de l’année 2013.

Et cela ne fut pas sans conséquence sur sa mission de contrôle de sites militaires puisque la future DRSD n’inspecta que les deux tiers des emprises prescrites en 2008 et en 2009. Seulement, alors que, cette année, elle doit compter 1.319 personnels (militaires et civiles), le taux d’inspection s’est effondré, à en croire M. Cornut-Gentille.

« En 2016, ce sont 38 % des sites militaires inscrits au programme d’inspection qui ont échappé au contrôle de la DRSD. Plus d’un sur trois », écrit le député, sur son site Internet. Et d’ironiser : « Rappelons que la France est sous le régime de l’état d’urgence, que les dirigeants politiques ne cessent de nous rappeler que la France est en guerre. On n’ose imaginer ce que le taux serait en temps de paix! »

Selon M. Cornut-Gentille, la DRSD évoque des « difficultés persistantes » pour mener à bien son programme d’inspection. Des difficultés liées à « des départs non prévisibles intervenus en 2016 au sein de l’effectif des inspecteurs spécifiquement formés sur ce périmètre. » En outre, ce service de renseignement, via son Centre national des habilitations défense (CNHD), a été énormément sollicité pour vérifier les antécédents des nombreuses [46.000 entre 2015 et 2017, sans compter les 10.500 réservistes ndlr] recrues de l’armée de Terre.

Cette situation s’arrangera-t-elle bientôt? Rien n’est moins sûr. Si, dans les principales mesures relatives aux restructurations du ministère des Armées prévues pour 2018, il est bien question d’une poursuite de la remontée en puissance « capacitaire » de la DRSD, les renforts en effectifs concerneront « en particulier » sa « direction centrale », essentiellement « dans le coeur de métier. »

« L’affectation de ces créations de poste vient contredire le besoin d’inspecteurs de terrain exprimé dans le rapport annuel de performance 2016 rendu public en juin 2017 », relève ainsi M. Cornut-Gentille.

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