Des unités irakiennes et iraniennes en manoeuvre près du Kurdistan irakien

Pour avoir organisé un référendum relatif à son indépendance, la région autonome du Kurdistan irakien fédére presque tout le monde contre elle. Au point de voir des soldats irakiens participer à des exercices militaires turcs, comme cela s’est vu la semaine dernière. Ce qui était jusqu’alors inconcevable, les relations entre Bagdad et Ankara n’étant pas les meilleures les meilleures du monde…

Pour la Turquie, l’indépendance du Kurdistan irakien n’est pas acceptable étant donné qu’elle risque de faire tâche d’huile et de donner des ailes aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan turc. Ayant, au sein de sa population, une minorité kurde relativement importante, l’Iran y est également fermement hostile pour les mêmes raisons.

Alors qu’il a fait savoir aux autorités de la région autonome du Kurdistan qu’il n’y aurait aucune discussion possible tant que les résultats du référendum (92,73% de oui) ne seront pas déclarés caducs et que les postes-frontières avec la Turquie, l’Iran et la Syrie ainsi que les régions disputées ne seront pas remis à ses forces, le gouvernement irakien a accepté la tenue de manoeuvres militaires avec Téhéran. Une première depuis 1979, année de la « révolution islamique » iranienne.

« Un exercice militaire conjoint entre des forces armées iraniennes et des unités de l’armée irakienne aura lieu dans les prochains jours le long de la frontière commune », avait affirmé, le 30 septembre, un porte-parole de l’armée iranienne. « Lors de la réunion [avec les chefs militaires concernés, ndlr], nous avons encore mis l’accent sur l’intégrité territoriale et l’unité de l’Irak et l’illégitimité du référendum d’indépendance […] et des décisions nécessaires ont été prises pour sécuriser les frontières et inviter les forces du gouvernement central de Bagdad à prendre position aux points de passage », avait-il ajouté.

Cet exercice irako-iranien, impliquant des chars et de l’infanterie, annoncé a finalement commencé le 2 octobre, en territoire iranien, à seulement 250 mètres de la frontière avec la région autonome du Kurdistan.

« Les forces irakiennes sont habillées de noir, et il y a un grand nombre de forces iraniennes. Elles ont des bulldozers, qui ouvrent des routes et creusent des tranchées », a raconté indiqué Chehwan Abou Bakr, chef de la douane kurde au poste-frontière de Bashmakh.

La présence de soldats irakiens vêtus de treillis noirs laisse supposer que les unités de l’Iraqi Counter Terrorism Service (ICTS) sont impliquées dans ces manoeuvres.

Peu après, de leur côté, les forces armées iraniennes ont annoncé le début de ces manoeuvres conjointes avec leurs homologues irakiennes, en évoquant la mobilisation « d’unités blindés et d’artillerie » et le recours à des drones et à l’aviation.

À Bagdad, le ministère de la Défense a dit envisager prendre le contrôle des postes-frontières de la région autonome du Kurdistan « en coordination avec l’Iran et la Turquie », sans donner plus de détail, c’est à dire si les soldats irakiens les prendront par la force aux peshmergas (combattants kurdes) ou bien s’ils se contenteront de rester à proximité, du côté iranien ou turc. L’exercice mené avec les forces iraniennes pourrait apporter un début de réponse.

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