Face à la Corée du Nord, l’Otan veut garder une dissuasion nucléaire « sûre, sécurisée et efficace »

Pour la 350e patrouille assurée par un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) de type Vanguard appartenant à la Royal Navy, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a accompagné le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, dans sa visite de la base navale de Clyde (Écosse), le 29 septembre. Une occasion pour les deux responsables de réaffirmer l’importance de la dissuasion nucléaire, non seulement pour le Royaume-Uni mais aussi pour l’Alliance atlantique.

« Aujourd’hui, les dangers nucléaires s’intensifient avec une Corée du Nord téméraire et une Russie de plus en plus agressive », a lancé M. Fallon.

« Les armes du Royaume-Uni restent la seule manière crédible de dissuader les dangers les plus extrêmes, en rappelant à tout agresseur que les avantages d’une attaque seraient largement dépassés par les conséquences » d’une riposte, a ajouté M. Fallon. Et elles « demeurent vitales pour la sécurité de notre population et celle de nos partenaires de l’Otan, aussi longtemps que l’exigera l’environnement sécuritaire », a-t-il continué, répondant ainsi à Jeremy Corbyn, le chef de file du Parti travailliste, qui plaide pour un abandon de la dissuasion britannique.

Pour rappel, Londres a engagé un programme visant à renouveler sa flotte de SNLE par quatre nouveaux bâtiments 17.200 tonnes appartenant à la classe Dreadnought pour plus deplus de 31 milliards de livres sterling.

De son coté, M. Stoltenberg n’a manqué de souligné « la forte contribution du Royaume-Uni à l’Otan ». Et d’ajouter : « Les forces nucléaires de l’Alliance, y compris celles de la base navale de Clyde, sont la garantie suprême de la sécurité des populations et des pays alliés. »

« Les Alliés continueront de faire en sorte que le dispositif de dissuasion nucléaire [de l’Otan] reste sûr, sécurisé et efficace », a poursuivi le secrétaire général de l’Alliance.

À noter que Paris n’a pas intégré le Groupe des plans nucléaires (NPG) de l’Otan. « La position particulière de la France est illustrée par le rôle central du président français dans la prise de décision nucléaire en toute circonstance. Cependant, la France est – depuis des décennies – et restera un acteur clé des débats de l’Otan sur le nucléaire, tout comme la dissuasion française contribue à la dissuasion nucléaire globale de l’Alliance », est-il expliqué dans un article de la revue de l’Otan.

Par ailleurs, interrogé sur le fait que Londres pourrait mettre sa dissuasion nucléaire à la disposition de Washington dans le cas d’une attaque nord-coréenne, M. Fallon a répondu qu’il est « hypothétique de spéculer sur le type d’assistance que les États-Unis pourraient vouloir de leurs alliés dans une telle situation. »

Et M. Stoltenberg n’a pas échappé une question au sujet de l’attitude que pourrait avoir l’Otan dans le cas d’une attaque de la Corée du Nord contre le sol américain. En clair, il s’agit de savoir ce qu’il pourrait se passer si un missile nord-coréen tombe sur l’île de Guam [qui est un territoire non incorporé des États-Unis, ndlr].

« Nous continuons à travailler pour trouver une solution pacifique à la crise nord-coréenne et nous continuons à condamner fermement les tests et développements de missiles et d’armes nucléaires » menés par la Corée du Nord, a répondu le secrétaire général de l’Otan.

« En même temps, chaque nation a le droit de se défendre et, bien sûr, les États-Unis ont le droit de se défendre contre des attaques. Et l’Otan est là pour défendre tous les alliés », a dit M. Stoltenberg, en faisant référence à la clause de défense collective prévue par l’article 5 du Traité de l’Atlantique-Nord. « Mais nous appelons la Corée du Nord à abandonner ses programmes de missiles et ses programmes nucléaires et nous soutenons les efforts visant à renforcer la pression sur Pyonguang, y compris par des sanctions économiques », a-t-il expliqué.

L’article 6 du Traité de l’Atlantique Nord précise que les territoires concernés par le principe de défense collective : « Est considérée comme une attaque armée contre une ou plusieurs des parties, une attaque armée :
– contre le territoire de l’une d’elles en Europe ou en Amérique du Nord, […], contre le territoire de la Turquie ou contre les îles placées sous la juridiction de l’une des parties dans la région de l’Atlantique Nord au nord du Tropique du Cancer;

– contre les forces, navires ou aéronefs de l’une des parties se trouvant sur ces territoires ainsi qu’en toute autre région de l’Europe dans laquelle les forces d’occupation de l’une des parties étaient stationnées à la date à laquelle le Traité est entré en vigueur, ou se trouvant sur la mer Méditerranée ou dans la région de l’Atlantique Nord au nord du Tropique du Cancer, ou au-dessus de ceux-ci. »

Ce qui, théoriquement, exclut l’île de Guam. Mais en pratique, il pourrait en aller tout autrement. Ainsi, Kay Bailey Hutchison, la représentante américaine auprès de l’Otan, n’a pas écarté l’idée d’un recours à l’article 5 après la menace nord-coréenne de faire exploser une bombe thermonucléaire dans le Pacifique.

D’après le Wall Street Journal, les responsables américains et ceux de l’Otan estiment qu’invoquer l’article 5 est avant tout un « acte politique » et que les restrictions géographiques définies par l’article 6 « peuvent être ignorées, si les Alliés sont d’accord. »

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