La nouvelle version du Service national pourrait être expérimentée dès 2019

Quand, en mars dernier, Emmanuel Macron proposa de rétablir la conscription, il avait bien insisté sur le caractère « militaire » que devrait avoir le service obligatoire universel d’un mois qu’il entendait alors instaurer. Cette mesure lui avait été inspirée par les généraux Dominique Trinquand et Bertrand Soubelet, auteurs d’une note dans laquelle ils proposait d’établir une « période citoyenne » de deux mois.

Dans l’esprit de M. Macron, ce service de seulement un mois devait correspondre à la période des « classes » que les conscrits ont connue jusqu’en 2001. « Les classes, ça durait un mois et généralement, vous ne recroisiez plus la chose militaire le reste de votre service (sic).  Je propose de refaire les classes, ni plus ni moins. C’est pour créer du lien », avait-il expliqué, plus tard, sur les ondes d’Europe 1.

Plus de six mois plus tard, il n’est plus question d’un « service militaire » mais d’un « service national », ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Quoi qu’il en soit, la création d’une commission chargée d’étudier les modalités du rétablissement de la conscription a été annoncée le 14 juillet dernier. Et la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, vient de donner des précisions au sujet de cette dernière, en marge de l’université de rentrée du Modem.

Depuis l’annonce faite lors de la fête nationale, il y a « eu des rencontres techniques, des demandes aux administrations de faire un point sur les actions déjà mises en place pour la jeunesse », a ainsi indiqué Mme Darrieussecq.

« La commission de haut niveau va prendre en charge ce dossier. Nous avons fait des propositions au Premier ministre qui devrait la nommer courant octobre », a-t-elle continué, avant de préciser qu’il s’agira d’y inclure « tous les représentants des ministères concernés, des responsables de la jeunesse, des parlementaires, des personnes qualifiées. »

Ensuite, le gouvernement espère que cette commission « puisse remettre ses préconisations au printemps 2018 » pour une posisble « phase d’expérimentation en 2019 », a expliqué Mme Darrieussecq. « C’est ce qui est souhaité par le président de la République et le Premier ministre », a-t-elle ajouté.

Quant au financement de ce « service national universel », rien n’est encore arrêté. Pendant la campagne présidentielle, M. Macron avait assuré que le budget des Armées ne serait pas sollicité, alors qu’il venait d’évaluer le coût de ce rétablissement de la conscription à « 15/20 milliards d’euros pour sa mise en place et à 2/3 milliards d’euros par an en rythme de croisière. » Puis il donna ensuite une autre estimation, parlant de « 1,5 à 2 milliards d’euros tout au plus » de coûts de fonctionnement.

« Il y aura une ligne nouvelle consacrée à cette action », a dit Mme Darrieussecq. « Donc soit on demande une participation aux ministères concernés, soit on trouve des ressources dédiées », a-t-elle avancé. Mais avant, a-t-elle dit, il faut d’abord « fixer précisément les objectifs » de ce service national, qui concernera entre « 600.000 et 800.000 jeunes » chaque année.

Ainsi, Mme le secrétaire d’État estime que ce service national puisse former des « qui soient protecteurs du pays », en apprenant « les gestes qui sauvent, la conduite à tenir en cas de cataclysme, d’attentats, d’état de guerre. »

Reste à voir l’implication qu’auront les Armées dans ce projet. Début septembre, dans l’entretien qu’il avait accordé à l’hebdomadaire Le Point, le président Macron ne s’était pas montré très clair sur ce sujet. « Nous devons devrons engager une réflexion profonde sur la condition militaire. C’est d’autant plus nécessaire qu’ils ont collectivement un rôle à tenir, au-delà même de l’action opérationnelle. Un rôle d’exemple. Un rôle d’encadrement aussi, lorsque nous aurons mis au point le nouveau système de service national », avait-il affirmé.

Mais Mme Darrieussecq a apporté des précisions sur ce point. Ce service national sera « une mission interministérielle, pilotée par le Premier ministre » parce que « le seul ministère des Armées ne peut pas, bien entendu, prendre en charge ce dispositif », a-t-elle dit.

Et d’ajouter, plus loin : « Les militaires ne sont pas en capacité de réguler seuls tout le service national dans son ensemble. Par contre, ils ont la capacité de porter une petite partie ».

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