Les Armées vont être plus souvent à l’affiche au cinéma
Aux États-Unis, le Pentagone a très vite compris ce que le cinéma pouvait lui apporter en matière de communication, c’est à dire de « rayonnement ». Et l’on ne compte plus les fictions produites par Hollywood qui mettent en scène les forces américaines : il doit en sortir quelques dizaines par an, les plus récents étant « Tu ne tueras point » (Mel Gibson), USS Indianapolis (Mario Van Peebles), « War Machine (David Michôd), « Un jour dans la vie de Billy Lynn » (Ang Lee) ou encore « The Wall » (Doug Liman). Et c’est sans compter sur les séries, comme « Brothers », « Six » ou « Homeland ».
La filmographie française dans ce domaine n’est pas aussi fournie, même si certaines fictions font désormais partie des classiques du genre (« La 317e Section », « Le Crabe Tambour », « La légion saute sur Kolwezi; « Capitaine Conan », « La vie et rien d’autre », etc). Aussi, l’an passé, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, avait mis sur les rails une « mission cinéma ».
« Pour les armées françaises, il y là un enjeu de rayonnement majeur, qu’elles ne doivent plus ignorer. C’est pour cette raison que j’ai souhaité la préparation d’une stratégie dans ce domaine », avait expliqué M. Le Drian.
Cette « Mission cinéma » doit permettre aux professionnels de l’audiovisuel de « mieux appréhender et connaître l’action des femmes et des hommes du ministère de la Défense pour favoriser la création de nouveaux contenus audiovisuels et cinématographiques » traitant du monde militaire », avait-il été expliqué au moment de sa création.
Mais il est question d’aller encore plus loin dans cette approche. Fait inédit, le 26 septembre, la ministre des Armées, Florence Parly, et Pauline Rocafull, président de la Guilde française des scénaristes, ont en effet signé une convention cadre afin de « favoriser l’écriture de scénarios sur le thème de la défense. »
« Par vos projets […] vous permettrez à chacun de saisir un soupçon du quotidien de nos armées et de vibrer un peu avec elles. […] « Nous voulons montrer que ces références peuvent ne pas être toujours américaines », a commenté Mme Parly.
« L’objectif est de faciliter le développement de nouveaux contenus, tant audiovisuels que cinématographiques, liés aux enjeux de la défense, à ses réalités opérationnelles et à l’expérience des femmes et des hommes qui en sont les acteurs au quotidien », explique le ministère des Armées. Il s’agit également, poursuit-il, de permettre « aux scénaristes de bénéficier de conseils et d’expertise afin d’appréhender l’univers de la défense, dans le respect le plus total de leur liberté artistique. »
Ce dernier point pose question : où s’arrêtera la « liberté artistique »? « La Mission sera toujours présente pour vous aider, pas vous censurer », a promis la ministre », a assuré Mme Parly.
Au moment du lancement de la Mission cinéma, il s’agissait de « favoriser la création » tant qu’elle ne portât pas atteinte au « rayonnement » des armées. En clair, des projets du style « Les bidasses en folie » n’auraient évidemment aucun soutien.
Dans le cadre de cet accord, la Mission cinéma devra être « disponible pour participer au développement des projets, en mobilisant au sein des armées toutes les compétences nécessaires et en organisant des séjours d’immersion » au sein d’unités militaires pour les scénaristes.
Cela étant, la politique du ministère commence déjà à porter ses fruits. Plusieurs films concernant les Armées seront à l’affiche l’an prochain. « On aura en 2018 plus de films traitant de sujets défense sortant sur les écrans qu’il n’y en a jamais eu », a indiqué Olivier-René Veillon, le responsable de la Mission cinéma.
Ainsi, on trouvera Omar Sy et Mathieu Kassovitz [Le bureau des légendes] dans le film « Le chant du Loup », d’Antonin Maudry, qui portera sur les sous-marins nucléaires. « Volontaire », qui réunira à l’écran Hélène Fillières et Lambert Wilson [qui a tenu un rôle évoquant Guynemer en 1993 dans « L’instinct de l’ange], aura les commandos de marine pour toile de fond. Les forces spéciales semblent inspirer beaucoup les scénaristes puisque pas moins de quatre projets les concernent actuellement.
Photo : Jacques PERRIN, dans Le Crabe Tambour (Pierre Schoendoerffer)