Une mission d’audit stratégique a été lancée pour améliorer la disponibilité des aéronefs militaires
Cela fait maintenant des années que, rapport après rapport, les magistrats de la Cour des comptes et les parlementaires soulignent la faible disponibilité technique opérationnelle (DTO) de certains types d’aéronefs militaires, en particulier celle des hélicoptères et des avions de transport.
Pourtant, après une situation catastrophique constatée au début des années 2000, avec par exemple le cas des hélicoptères Gazelle, dont la DTO était tombée à seulement 40%, l’organisation du Maintien en condition opérationnelle (MCO) aéronautique avait été revue en profondeur, avec la création de la SIMMAD (Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la défense) et du Service industriel de l’aéronautique (SIAé). Puis, un effort budgétaire particulier a été consenti.
Mais, visiblement, cette organisation a des limites, notamment en raison de la difficulté de trouver des pièces de rechange pour des appareils désormais anciens, du rythme intense des opérations ou encore de la multiplicité des intervants dans la chaîne du MCO.
Résultat : pas un seul hélicoptère militaire n’affiche un taux de disponibilité supérieur à 50%. Et ce phénomène concerne aussi les appareils récents. En juillet, le chef d’état-major de la Marine natinale (CEMM), l’amiral Christophe Prazuck avait expliqué qu’il fallait « plus de 30 heures d’entretien pour une heure de vol » avec un NH-90 « Caïman » NFH, entré en service en 2011.
Avant de quitter l’Hôtel de Brienne, Jean-Yves Le Drian, très mécontent de cette situation, avait lancé un plan portan principalement sur « les modalités de gestions des stocks et sur le changement des règles de consommation des pièces. » Mais il fallait aller encore plus loin pour « mettre fin à certaines situations ubuesques », avait-il dit. Et d’ajouter : « Pensez que lorsqu’un hélicoptère sort de sa visite, son potentiel est déjà consommé de plusieurs mois. On marche sur la tête! ».
Pour M. Le Drian, le probème du MCO n’était pas une question de budget mais d’organisation. « Je peux vous assurer de ma très grande vigilance qui débouchera peut-être par quelques interventions dérangeantes, qui auront des répercussions », avait-il annoncé lors d’une séance à l’Assemblée nationale.
Aussi, la question du MCO est l’une des priorités de Mme le ministre des Armées, Florence Parly. Lors de son adresse aux personnels de son ministère, elle a en effet souligné que la « disponibilité très faible de certaines flottes […] entrave notre liberté d’action et accentue la tension sur notre format capacitaire. »
« Je n’ignore pas la complexité de ce domaine, la multiplicité des acteurs et l’exigence d’excellence qui est celle du milieu aéronautique. Des efforts ont été déjà consentis : je tiens à les saluer ; ils méritent d’être accompagnés et prolongés. C’est pourquoi, j’ai décidé le lancement d’une mission qui me fera des propositions pour améliorer les fonctionnements, fluidifier les relations et clarifier les responsabilités », a continué Mme Parly.
C’est ainsi que, le 18 septembre, lors d’un comité ministériel d’investissement dédié au MCO aéronautique, une « mission d’audit stratégique » a été confiée à l’ingénieur général hors classe de l’armement Christian Chabbert.
Ce diplômé de Sup’Aero a notamment été le directeur adjoint du programme Rafale au sein de la Direction générale de l’armement (DGA), avant de prendre les rênes de l’Atelier Industriel de l’Aéronautique de Clermont-Ferrand, puis celles du Service Industriel de l’Aéronautique.
D’après le communiqué du ministère des Armées, Christian Chabbert « aura pour tâche d’établir un état des lieux précis et de dégager des axes d’amélioration visant à redonner à nos armées la liberté d’action nécessaire à l’exercice de leur mission. » En outre, il fera un « point d’étape mensuel » avec Mme Parly.
Les conclusions de cette mission d’audit seront connues en décembre prochain. Elles permettront d’élaborer un « plan de modernisation du MCO aéronautique » dès janvier 2018.