Selon un rapport, l’US Navy serait au bout du rouleau

Avec 277 navires et plus de 300.000 marins, l’on pourrait penser que l’US Navy est épargnée par les problèmes auxquels est confrontée son homologue française, dont le contrat opérationnel est largement dépassé et dont le nombre de frégates dites de premier rang est insuffisant (officiellement, elle en compte 17… en comptant les frégates légères furtives de type La Fayette dont les capacités n’en font pas des navires de « premier rang »).

Et pourtant, la marine américaine n’échappe pas à la surchauffe. Telle est la conclusion d’un rapport du Government Accountability Office (GAO), c’est à dire l’équivalent américain de la Cour des comptes.

« L’US Navy est prise entre des exigences opérationnelles continues et un nombre limité de navires », a en effet affirmé John Pendleton, le directeur du GAO pour les affaires de défense, devant le comité des Forces armées de la Chambre des représentants. « La Navy prévient depuis un moment qu’elle fonctionne à un rythme qui n’est pas soutenable. Notre enquête a confirmé ces problèmes », a-t-il ajouté.

Ainsi, selon le rapport du GAO, la marine américaine entretient mal ses navires et ses personnels sont à la fois sur-sollicités et sous-entraînés. La situation est surtout critique pour la 7e Flotte de l’US Navy, dont le commandant, le vice-amiral Joseph Aucoin, vient d’être démis de ses fonctions.

Déployée dans le Pacifique, quatre de ses navires ont été impliqués dans des incidents sérieux depuis le début de cette année, dont deux dans des collisions avec des navires commerciaux, lesquelles ont fait 17 tués parmi les marins américains.

D’après les données livrées par le GAO, les marins affectés dans la région Asie-Pacifique peuvent travailler jusqu’à 100 heures par semaine. Et pour 37% d’entre eux, leur formation technique et opérationnelle n’est pas à jour.

En réalité, la marine américaine fait les frais d’une politique qui, engagée en 2001, devait permettre de réduire la taille de ses équipages grâce à une automatisation plus poussée de ses navires. Seulement, les bénéfices attendus de ce programme, appelé « optimal manning intiative », n’ont pas été au rendez-vous, d’où sa marche arrière en 2010. Toutefois, souligne le GAO, la taille des équipages n’a pas retrouvé le niveau adéquat, d’où le rythme démentiel imposé aux marins.

« La marine a dû raccourcir, éliminer ou différer les périodes de formation et de maintenance pour soutenir des taux de déploiement élevés », a également affirmé M. Pendleton. Et là encore, la 7e Flotte est la principale concernée, au regard de la situation sécuritaire dans sa zone de compétence. Et cela ne s’arrangera pas de sitôt : en effet, le Pentagone a fait part de son intention d’effectuer plus de patrouilles navales en mer de Chine méridionale afin d’affirmer la liberté de navigation face aux revendications de Pékin.

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