Le président moldave met un veto à la participation de son pays à un exercice international en Ukraine

En novembre 2016, le gouvernement moldave, dirigé par Pavel Filip, un social-démocrate pro-européen, annonça l’ouverture prochaine, à Chisinau, d’un bureau de liaison de l’Otan, comme il y en avait alors déjà à Moscou ou à Kiev. Et cela, dans un contexte marqué par des inquiétudes sur les intentions de Moscou au sujet de la Transnistrie, région sécessionniste bénéficiant d’une large autonomie et où la 14e armée russe est restée présente, après y avoir mené une intervention au début des années 1990.

Seulement, la donne politique changea radicalement par la suite, avec l’élection d’Igor Dodon à tête de l’État. Une aubaine pour le Kremlin étant donné que les positions affichées par le nouveau président moldave s’alignaient avec celles défendues par Moscou.

En effet, M. Dodon avait promis de dénoncer l’accord d’association de son pays avec l’Union européenne, d’adhérer à l’Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan et de pas s’opposer à la présence militaire russe en Transnistrie, alors que cette dernière contrevenait à un engagement pris en 1999 par la Russie lors du sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) d’Istanbul. Et, évidemment, le projet d’installer un bureau de liaison de l’Otan Chisinau devait passer à la trappe.

Peu après son investiture, M. Dodon ne perdit pas de temps en limogeant Anatol Salara, alors ministre de la Défense, au motif qu’il « flirtait avec l’Otan », qu’il « promouvait ouvertement l’union entre la Moldavie et la Roumanie » et qu’il était « corrompu ».

Cela étant, le président moldave doit composer avec un gouvernement qui ne partage pas ses vues. Ainsi, quand le vice-ministre de la Défense, Gheorghe Galbura, lui a demandé l’autorisation d’envoyer un détachement d’une cinquantaine de militaires pour participer à l’exercice Rapid Trident, qui commencera le 8 septembre, en Ukraine, Igor Dodon a dit « niet ».

« La participation de soldats moldaves à des exercices militaires à l’étranger n’est pas acceptable », a en effet estimé Igor Dodon. Et, en conséquence, il a exigé « l’annulation des préparatifs à l’envoi d’un contingent ».

Depuis 1996, l’armée moldave a toujours pris part à l’exercice Rapid Trident. Organisé au Centre international de sécurité d’Yavoriv, sous l’égide de l’US Army, il vise à développer « l’interopérabilité entre l’Ukraine, les États-Unis et les pays alliés et partenaires » de l’Otan. L’édition de cette année aura pour thème les « opérations de maintien de la paix et de stabilité » et mobilisera environ 1.800 soldats.

Depuis l’élection de M. Dodon, ce n’est pas la première fois que l’armée moldave renonce à participer à un exercice militaire. Cela a en effet été le cas en février dernier, Chisinau ayant renoncé à envoyer un contingent en Roumanie pour des manoeuvres de l’Otan. À l’époque, Bucarest avait dénoncé le « comportement inamical » de la Moldavie.

Par ailleurs, s’il y a un domaine pour lequel rien n’a changé, c’est celui de l’aide militaire fournie par la Chine… Fin août, l’armée moldave a ainsi reçu une quinzaine de véhicules (pour une valeur totale de 0,71 millions d’euros environ) de facture chinoise, dans le cadre d’un accord de défense conclu en 2002 par Chisinau et Pékin.

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