Irak : Les artilleurs français ont assuré plus de 100 missions de tir en appui de la reconquête de Tal Afar

Le 31 août, le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, a annoncé la libération de la ville de Tal Afar, tombée aux mains de l’État islamique (EI ou Daesh), en juin 2014. « Notre bonheur est complet, la victoire est arrivée, et la province de Ninive est désormais entièrement aux mains de nos forces », a-t-il fait valoir, via un communiqué.

Alors qu’il aura fallu 9 mois et de durs combats pour arriver à chasser l’EI de Mossoul, l’offensive lancée à Tal Afar, localité située plus au nord, n’aura duré qu’à peine une dizaine de jours. Tout s’est joué au début de cette opération. En effet, au bout d’une semaine, les forces irakiennes et les unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi (majoritairement composées de milices chiites) contrôlaient 27 des 29 quartiers de la ville.

« Au début, les jihadistes lançaient des voitures piégées et tiraient des obus de mortier », avait alors expliqué un combattant du Hachdal-Chaabi. « Mais maintenant, ils ont surtout des snipers », avait-il ajouté.

Cette avancée rapide des forces irakiennes, principalement constituées par les unités d’élite du contre-terrorisme (ICTS), a été appuyée par les frappes aériennes et les tirs d’artillerie de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis. Et les artilleurs français de la Task Force Wagram (opération Chammal) ont été particulièrement sollicités.

Réorganisés en deux groupes, dotés chacun de deux CAESAR (Camions équipés d’un système d’artillerie de 155mm), ces derniers ont effectués des tirs de destruction dès les premières heures de l’offensive, en appui des 9e, 15e et 16e divisions irakiennes. Cette action a permis de réduire les premières lignes de défense installés par les jihadistes.

Au total, au cours de ces 10 jours de combat, la TF Wagram a assuré 106 missions de tirs, dont 103 de neutralisation/destruction et 3 d’éclairement. Ce qui correspond, au minimum, au tir de plus d’un millier d’obus. Le tout avec précision car, d’après le quotidien Le Monde, Tal Afar a subi « peu de dégâts ». Seule la citadelle ottomane de cette localité « a souffert ».

Quant aux pertes subies par l’EI, le général Andrew A. Croft, commandant en second des forces aériennes de la coalition, a estimé que les forces irakiennes ont éliminé « entre 600 et 700 » jihadistes. Et « une centaine se seraient rendus », a-t-il ajouté, d’après l’AFP.

Après cette nouvelle défaite de l’EI, il reste maintenant aux forces irakiennes à lancer une offensive en direction de Hawija, qui, à 300 km au nord de Bagdad, reste encore sous le contrôle des jihadistes. Enfin, des « poches » seront encore à « nettoyer » dans la province d’al-Anbar, frontalière avec la Syrie.

Cela étant, cette succession de revers de l’organisation jihadiste ne signifie par pour autant sa fin. Il est en effet à craindre que l’EI revienne à ses modes opératoires initiaux, en commettant des attentats contre la communauté chiite et en se livrant à des actions de guérilla. Les services de sécurité irakiens sont-ils prêts à y faire face? La question se pose. Comme se posera aussi celle concernant l’avenir des milices chiites. Et l’on ne parle pas de la question kurde, avec le projet de référendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien. Bref, gagner la paix sera très compliqué.

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