Industrie : La ministre des Armées s’engage à augmenter de 30% l’effort en matière de recherche

Comme le gouvernement entend faire preuve de « pédagogie » sur les mesures qu’il envisage, le ministère des Armées n’a pas tardé à fournir des explications sur le budget dont il disposera en 2018, alors même que le projet de loi de finance initiale n’est pas connu. Cela étant, conformément aux annonces faites par le président Macron en juillet, l’on peut s’attendre à une hausse de 1,8 milliard d’euros des dépenses militaires.

Dans son explication, le ministère des Armées parle d’un effort « inédit » avec une augmentation de 5% de son budget. Sauf que cette hausse devra servir à rattraper la coupe de 850 millions d’euros (prélevés sur les équipements) décidée en juillet dernier et qu’il est prévu de porter de 450 à 650 millions d’euros l’enveloppe servant à financer les surcoûts liés aux opérations extérieures. Et comme ces derniers dépassent habituellement le milliard d’euros, rien ne dit qu’on n’aura pas droit à un nouveau psychodrame l’an prochain, avec de nouvelles coupes à la clé.

Cela étant, lors de son intervention devant l’Université du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), la ministre des Armées, Florence Parly, a parlé cette hausse de 1,8 milliard de son budget. Mais pas seulement puisqu’elle a aussi évoqué la création d’un fonds d’investissement destiné aux PME du secteur de la Défense, en partenariat avec Bpifrance.

« Je souhaite renforcer nos efforts en faveur des PME les plus innovantes, les plus prometteuses. Leurs initiatives et leur vigueur sont la clé de notre réussite économique et militaire », a- déclaré Mme Parly, selon le texte de son discours transmis à la presse par ses services (*). « Pour le permettre, je lancerai avant la fin de l’année un fonds d’investissement dans les PME de Défense en partenariat avec BPI France », a-t-elle ajouté.

« Les fondements en sont déjà posés, ce fonds sera doté de 50 millions d’euros et permettra à l’Etat de rentrer au capital de certaines pépites technologiques, de les soutenir dans leur gouvernance et leurs ambitions », a encore expliqué la ministre.

Sauf que cette annonce n’en est pas vraiment une puisque, en mai dernier, la Direction générale de l’armement (DGA) et Bpifrance ont annoncé leur « volonté commune de créer un fonds d’investissement dédié aux entreprises stratégiques de la Défense », en signant un accord « visant à la création en 2017 d’un véhicule d’investissement Défense, doté initialement de 50 millions d’euros. »

L’idée de ce fonds avait été annoncée par Laurent Collet-Billon, l’ex-Délégué général pour l’armement, en novembre 2016, avant d’être confirmée quelques jours plus tard par Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense.

Mais le plus important n’était sans doute pas dans cette annonce, déjà connue. En effet, Mme Parly a pris l’engagement d’augmenter de 30% l’enveloppe de la DGA dédiée aux études amont, c’est à dire à la recherche et au développement. Ce qui devrait satisfaire les industriels de l’armement puisque tous ont réclamé un tel effort lors de l’audition de leurs réprésentants par les députés de la commission de la Défense.

Actuellement, le ministère des Armées investit environ 730 millions d’euros dans la recherche et le développement. Une hausse de 30% porterait ce montant à près d’un milliard, comme l’a en effet demandé le Conseil des Industries de Défense Françaises (CIDEF). Il s’agirait ainsi de répondre à l’accélération des cycles et des ruptures technologiques à laquelle on assiste actuellement.

« Garder et sacraliser la R&D, c’est absolument essentiel pour être capable d’intégrer en temps réel les technologies quand elles vont être développées et d’accélérer les cycles », avait résumé, en juillet, Hervé Guillou, le président du Groupement des Industries de Construction et Activités Navales (GICAN).

(*) Discours qui n’a pas été envoyé à Zone Militaire. On se fiera donc à l’agence Reuters et à l’AFP, qui l’ont reçu.

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