Un missile nord-coréen a survolé l’île japonaise d’Hokkaïdo

L’an passé, quasiment à la même époque, deux missiles nord-coréens de type Rodong tombèrent dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, à 250 km à l’ouest de la péninsule d’Oga, dans la préfecture d’Akita. Depuis, ce genre d’évènement s’est produit à plusieurs reprises, malgré les condamnations et autres protestations internationales.

Seulement, dans la nuit du 28 au 29 août, la Corée du Nord est passée à l’étape supérieure. Alors que, au début du mois, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est mis d’accord pour renforcer, à nouveau, les sanctions visant son économie après ses deux tirs de missiles intercontinentaux Hwasong-14, Pyongyang a lancé un missile qui, cette fois, a survolé pendant deux minutes l’île septentrionale japonaise d’Hokkaïdo avant de s’abîmer dans l’océan Pacifique.

Tiré depuis Sunan, près de Pyongyang, l’engin a parcouru 2.700 kilomètres et atteint une altitude d’environ 550 km. Il pourrait s’agir soit d’un missile Rodong, soit d’une version améliorée du missile de portée intermédiaire Musudan, d’une portée de 3.000 à 4.000 km.

La défense antimissile japonaise, censée détruire tout engin nord-coréen survolant son territoire, n’a pas bougé. Le ministre nippon de la Défense, Itsunori Onodera, a expliqué que le missile en question ne risquait pas de tomber sur Hokkaïdo. Cela étant, les habitants de l’île ont reçu, par SMS, un message d’alerte les invitant à aller se mettre à l’abri.

Ce n’est pas la première fois qu’un missile nord-coréen survole le Japon. En 1998, un engin de type Taepodong-1, d’une portée théorique de 2.000 km, était passé au-dessus de l’archipel nippon avant de s’abîmer en mer. Ce qui donna lieu à une crise diplomatique avec Tokyo qui se calma après l’annonce, faite par Pyongyang, d’un « moratoire » sur ses essais balistiques.

Puis, en 2009, une fusée nord-coréenne Unha-2, aux caractéristiques très proches du missile balistique Taepodong-2 et censée mettre en orbite le satellite Kwangmyongsong-2, survola également le Japon, qui avait mis, là encore, ses systèmes antimissile AEGIS en alerte.

Quoi qu’il en soit, le survol du territoire japonais par un missile nord-coréen intervient deux jours après le tir, par la Corée du Nord, de trois engins de courte portée vers la mer du Japon. Et cela, alors que les forces américaines et sud-coréennes sont actuellement engagées dans l’exercice de planification « Ulchi-Freedom Guardian ».

Mais surtout, ce dernier tir a été effectué après une escalade verbale entre Washington et Pyongyang, le président américain, Donald Trump, ayant évoqué des « options militaires » pendant que le régime nord-coréen promettait de viser l’île de Guam, où les États-Unis disposent de bases aériennes et navales.

Pour un Cha Du-Hyeogn de l’Institut Asan des études politiques de Séoul cité par l’AFP, l’on aurait pu penser que la Corée du Nord « avait reculé dans un jeu de qui est le plus fort », en s’abstenant de tout nouveau tir de missile jusqu’au 26 août. « Mais Pyongyang montre que ce n’est pas cela qui se passe. Il montre qu’il ne s’est pas dégonflé et que c’est Washington qui bluffe sans projet concret », a-t-il estimé.

En attendant, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a dénoncé un « tir inacceptable » qui « nuit considérablement à la paix et la sécurité de la région. » En outre, il a affirmé avoir eu un entretien de 40 mn avec le président Trump pour convenir « d’augmenter la pression sur la Corée du Nord. »

La semaine passée, le chef de la diplomatie nippone, Taro Kono, avait écarter l’idée d’aller « directement au dialogue » avec Pyongyang. « Nous devons continuer de faire pression sur la Corée du Nord jusqu’à ce que le Nord démontre clairement ses intentions et ses actions pour progresser vers (la dénucléarisation) », avait-il dit, pendant que, pour contrer la menace nord-coréenne, le ministère japonais de la Défense demandait un budget record de 48,12 milliards de dollars pour le prochain exercice fiscal.

En tout cas, le dernier tir nord-coréen donnera lieu à une énième réunion « en urgence » du Conseil de sécurité des Nations unies, à la demande de Tokyo et de Washington. Et il se pourrait que de nouvelles sanctions soient décidées. Cela étant, selon un rapport d’experts de l’ONU chargés de vérifier leur application, la Corée du Nord parvient à les contourner avec une relative facilité, notamment en ayant recours à de faux étiquetages sur les cargaisons qu’elle exporte, en changeant les immatriculations de ses navires et en se reposant sur des pays tiers d’Asie du Sud-Est pour s’affranchir des contrôles chinois. Entre octobre et juillet, ce commerce illicite aurait rapporté 270 millions de dollars à Pyongyang.

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