Face au Hezbollah, Washington veut renforcer le mandat de la Force intérimaire de l’ONU au Liban

Lors d’une rencontre avec le président russe, Vladimir Poutine, le 23 août, e Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a de nouveau fait part de ses préoccupations au sujet de l’influence militaire iranienne en Syrie.

« Là où l’Etat islamique en déroute disparait, l’Iran prend pied » et « fait d’énormes efforts pour renforcer sa présence en Syrie », a ainsi dénoncé M. Netanyahu, avant d’accuser Téhéran « d’armer des organisations terroristes et de parrainer et de susciter le terrorisme. »

Cette présence iranienne explique les raids régulièrement menés en Syrie par la force aérienne israélienne étant donné qu’ils visent à empêcher tout transfert d’armes vers le Hezbollah, la milice chiite libanaise perçue en Israël comme étant la menace principale. D’où la pression mise par l’État hébreu pour renforcer le mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL).

Ainsi, dans les colonnes du Wall Street Journal, l’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies, Danny Danon, a estimé que la FINUL manquait de volonté pour mener à bien sa mission alors que le Hezbollah continuait de dissimuler des stocks d’armes et de munitions au milieu de la population civile.

« Le Hezbollah ne cesse d’agrandir son pouvoir, tandis que la FINUL enfonce la tête dans le sable », a écrit M. Danon. « Le Hezbollah a souvent violé les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et utilisé les habitations de civils comme bases militaires », a-t-il continué. Et d’ajouter : « L’ONU ne peut plus soutenir ces actions et laisser cela se produire. Il est temps pour la FINUL de remplir sa mission et d’amener la stabilité dans la région. »

Au début de ce mois, la représentante des États-Unis auprès de l’ONU, Nikki Haley, a annoncé la couleur en estimant que la FINUL devait « augmenter ses capacités et son engagement à enquêter et rapporter » sur les trafics d’armes dans le sud du Liban. « Ces armes – qui sont presque entièrement dans les mains de terroristes du Hezbollah – menacent la sécurité et la stabilité de la région », a-t-elle prevenu. Et d’insister : Les États-Unis attendent « des améliorations significatives » du mandat de la Finul », lequel doit être renouvelé d’ici le 30 août.

Une position réaffirmée le 23 août. « La FINUL a une mission d’une importance vitale. Malheureusement, elle ne poursuit pas sa mission de manière agressive, et la situation sécuritaire dans le sud du Liban est devenue beaucoup plus dangereuse. Le Conseil de sécurité ne peut adopter une démarche habituelle dans de telles conditions. Nous appelons les membres du Conseil de sécurité à se joindre à nous pour prendre des mesures réelles pour faire de la Finul une mission de maintien de la paix plus forte et se défendre contre les forces de terreur au Liban et dans la région », a fait valoir Mme Haley.

« Depuis 2006, le déploiement de la FINUL dans le sud du Liban était censé s’assurer que le Hezbollah n’utiliserait plus ce territoire pour stocker des armes qui pourraient déstabiliser la région », a encore rappelé la diplomate américaine. Seulement, a-t-elle poursuivi, la milice chiite « se vante ouvertement de son stock illégal d’armes et évoque publiquement la destruction d’Israël » et « lors d’une tournée des journalistes, [ses] combattants n’ont pas hésité à montrer leurs armes et à poser avec leurs armes à quelques kilomètres du quartier général de la FINUL. »

Seulement, parmi les membres permanents du Conseil de sécurité, il n’y a pas de consensus pour renforcer le mandat actuel de la FINUL dans le sens voulu par Washington. Ainsi, la Russie s’y oppose. « Nous n’avons aucune raison de mettre en cause le mandat de la FINUL » et la Russie pense qu’il « doit être renouvelé dans sa forme actuelle », a expliqué Vassily Nebenzia, l’ambassadeur russe à l’ONU. « La majorité des membres du Conseil qui ont parlé soutiennent un renouvellement du mandat comme il est actuellement », a-t-il observé.

Pour la France, qui compte plus de 800 militaires au sein de la FINUL [opération DAMAN, ndlr], il n’est pas question de modifier le mandat tel qu’il a été défini par la résolution 1701 de 2006 sur le cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël. « Nous voulons garder ce mandat tel quel », a dit Anne Guegen, la représentante adjointe de la France aux Nations unies. « Nous sommes pour une réaffirmation de son mandat et une efficacité optimale de la mission », a-t-elle encore insisté.

Estimant que la FINUL joue « un rôle décisif pour stabiliser le sud du Liban » et qu’elle a « démontré un effet stabilisant dans un environnement volatil, complexe et perturbé », Mme Guegen a reconnu que la situation « reste encore très fragile et instable ». Aussi, a-t-elle continué, « il existe des marges d’amélioration pour l’efficacité » de la force des Nations unies.

D’où l’intention de la France de « présenter une résolution pour renouveler le mandat pour une autre année, réaffirmant la mission de la Finul ainsi que les obligations de toutes les parties à cet égard. »

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