Après les heurts de Charlottesville, les chefs militaires américains dénoncent le racisme et le sectarisme
Le 12 août, à Charlottesville, au volant de son Dodge Challenger, James Alex Fields Jr, 20 ans, a foncé sur un groupe de manifestants qui s’opposaient à un rassemblement de militants de l’extrême-droite américaine, dont des membres du Ku Klux Klan, des suprémacistes blancs et des néo-nazis. Bilan : une femme de 32 ans tuée et des dizaines de blessés.
Pour ne pas avoir clairement condamné ces violences (il a même renvoyé les deux camps dos à dos), le président Trump suscite une profond malaise, au point que plusieurs patrons de grandes entreprises américaines ont décidé de quitter les comités chargés de conseiller la Maison Blanche en matière de politique économique et industrielle. Y compris au sein du camp républicain, dont il a porté les couleurs lors de la dernière élection présidentielle.
Cela étant, M. Trump a accusé la presse et ses adversaires politiques (y compris chez les Républicains, comme le sénateur Lindsay Graham) d’avoir déformé ses propos. « Le public apprend encore davantage combien les médias Fake News sont malhonnêtes. Ils ont totalement déformé ce que j’ai dit sur la haine, le sectarisme, etc. Honte! », a-t-il en effet lancé via Twitter.
Quoi qu’il en soit, la réaction des principaux chefs militaires américains aura été sans ambiguité. Dès le soir des incidents de Charlottesville, l’amiral John Richardson, le chef des opérations navales de l’US Navy, est sorti de sa réserve en parlant d’événements « honteux » et « inacceptables » qui « ne doivent pas être tolérés ». Disant prier pour ceux qui ont été tués et blessés, il a ajouté que la marine « s’opposera toujours à l’intolérance et à la haine ». Et d’insister : « Nous voulons que notre marine soit […] une équipe forte pour réserver la violence seulement à nos ennemis ».
L’amiral Richardson n’a pas été le seul à réagir. Alors que l’un des organisateurs du rassemblement d’extrême-droite serait un ancien soldat du corps des Marines, le général Robert Neller, le commandant de ce dernier, a déclaré qu’il n’y avait pas de place pour le racime et l’extrémisme au sein de ses troupes. « Nos valeurs fondamentales, comme l’honneur, le courage et l’ engagement, encadrent la façon dont les Marines vivent et agissent », a-t-il fait valoir.
No place for racial hatred or extremism in @USMC. Our core values of Honor, Courage, and Commitment frame the way Marines live and act.
— Robert B. Neller (@GenRobertNeller) 15 août 2017
Le chef de l’US Air Force, le général David Goldfein, est allé également dans le même sens, en insistant sur le fait que devaient être seulement prises en compte certaines valeurs, comme l’intégrité, l’excellence et le sens du devoir. Son homologue à la tête de l’US Army, le général Mark A. Milley a déclaré que « le racisme, l’extrémisme et la haine vont à l’encontre des valeurs et de tout ce pour quoi ses troupes se battent depuis 1775 ».
The Army doesn't tolerate racism, extremism, or hatred in our ranks. It's against our Values and everything we've stood for since 1775.
— GEN Mark A. Milley (@ArmyChiefStaff) 16 août 2017
Enfin, le général Joseph Dunford, le chef d’état-major interarmés, s’est montré solidaire de ses subordonnés. « Je peux absolument et sans ambiguïté vous dire qu’il n’y a pas de place pour le racisme et le sectarisme dans l’armée américaine ou dans l’ensemble des États-Unis », a-t-il déclaré, en marge d’un déplacement en Chine.
« Nos chefs ont indiqué clairement que ce genre de racisme et de fanatisme n’ont pas leur place dans les rangs de nos forces armées », a-t-il insisté. « Ils ont rappelé au peuple américain les valeurs pour lesquelles nous nous battons au sein de l’armée américaine, et qui reflètent ce que je pense être les valeurs des États-Unis », a-t-il ajouté.
Ces différentes déclarations peuvent être perçues comme étant un rappel à l’ordre. En effet, le site Task&Purpose rappelle qu’un rapport du FBI, sorti en 2008, mettait en garde contre l’intention des dirigeants de groupuscules extrémistes de recruter des soldats encore en activité et d’anciens combattants des guerres d’Irak et d’Afghanistan.