Coup de chaud entre le Cambodge et le Laos
Le tracé des frontières entre le Cambodge, le Laos et la Thaïlande donne lieu aujourd’hui à des contentieux territoriaux qui, parfois, ont été la cause d’affrontements armés. Ainsi, en juin 2008, les forces armées thaïlandaises et cambodgiennes échangèrent des tirs au niveau du temple de Preah Vihear, revendiqué par Bangkok. Les choses n’allèrent pas plus loin, la situation étant depuis gelée.
À la fin des années 1980, la « guerre des collines » vit s’opposer le Laos et la Thaïlande au sujet du village frontalier de Ban Romklao. Au bout de quelques semaines de combats (ayant tout de même fait plus d’un millier de morts), un cessez-le-feu fut signé et on en resta là.
Et, ce 11 août, le ton est monté d’un cran entre le Cambodge et le Laos, au sujet de la province de Stoeng Treng (« rivière des roseaux »).
Ce territoire fit initialement partie de l’empire Kmher, puis du royaume lao de Lan Xang et de celui de Champassak, lequel sera théoriquement aboli en 1904, à l’époque de la domination française sur la péninsule indochinoise. Finalement, il sera rétrocédé au Cambodge. Cela étant, la frontière de 540 kilomètres qui sépare les deux pays et dont la porosité favorise tous les trafics, en particulier de drogue, n’a toujours pas été clairement délimitée.
D’où le courroux de Hun Sen, le chef du gouvernement cambodgien, au sujet d’un incursion d’une trentaine de militaires laotiens dans la province de Stoeng Treng. « J’en appelle au Premier ministre du Laos Thongloun Sisoulith pour qu’il retire ses troupes du territoire cambodgien », a-t-il en effet lancé, avant de donner 6 jours pour que ce retrait soit effectif.
« Nous sommes amis, mais un ami ne peut pas nous marcher sur la tête », a encore affirmé Hun Sen, qui n’a pas hésité à qualifier l’incursion de soldats laotiens « d’invasion », avant d’annoncer le déploiement d’unités militaires dotées de « lance-roquettes » dans la zone concernée.
Militairement, les forces armées cambodgiennes et laotiennes disposent de matériels anciens (voire vétustes) d’origine chinoise et soviétique. Si les premières sont relativement bien dotées (en quantité et non en qualité, cela va sans dire), les secondes disposent d’effectifs largement supérieurs en nombre. En 2016, Phnom Penh a décidé d’augmenter ses dépenses militaires de 17% de ses dépenses militaires pour les porter à près de 400 millions de dollars.