Le Parlement italien a donné son feu vert à une mission navale en Libye

Annoncée par le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, la semaine passée, la mission navale que doit mener la Marina Militare dans les eaux territoriales libyennes a été approuvée par le Parlement transalpin le 2 août.

À cette occasion, les modalités de cette mission, demandée par Tripoli, ont été précisées. Ce qui était attendu étant donné les propos tenus à son sujet par par Fayez al-Sarraj, le chef du gouvernement d’union nationale (GNA), mis en place sous l’égide des Nations unies en mars 2016.

Ainsi, la marine italienne devra apporter un « soutien technique » aux gardes-côtes libyens afin d’aider ces derniers à lutter contre les trafiquants d’êtres humains qui opèrent depuis la Libye.

En cas d’attaque, les marins italiens pourront répondre par la force d’une façon « limitée ». La ministre de la Défense, Roberta Pinotti, a insisté sur le fait que l’Italie « n’a aucune intention d’imposer un blocus naval » et que cette mission doit répondre à une « demande de soutien et d’aide aux garde-côtes libyens. » La zone d’action des bâtiments de la Marina Militare devra être « définie conjointement avec les autorités libyennes. »

Dès le feu vert donné à cette mission, le patrouilleur « Comandante Borsini », jusqu’alors engagé dans l’opération Mare Sicuro, est entré dans les eaux libyennes après « avoir reçu reçu les autorisations nécessaires », a précisé la marine italienne. Il devrait être prochainement suivi par un navire logistique.

Ainsi, Rome a obtenu ce que l’Union européenne n’a pas réussi à avoir, c’est à dire l’autorisation pour les navires de son opération EUNAVFOR Sophia d’intervenir dans les eaux territoriales libyennes. Cela étant, la mission de la marine italienne n’a pas manqué d’être critiquée par des ONG, dont Human right watch.

« Le déploiement de navires militaires par l’Italie pour aider les autorités libyennes à intercepter des bateaux transportant des migrants dans les eaux libyennes pourrait impliquer l’Italie dans des violations des droits humains envers des migrants ensuite détenus en Libye », a en effet estimé cette organisation.

Mais plus généralement, l’Italie, qui a se trouve en première ligne face au flux migratoire en provenance de la Libye, a durci sa politique. C’est ainsi que, le 2 août, le procureur de Trapani [Sicile], Ambrogio Cartosio, a ordonné la saisie « préventive », à Lampedusa, du Iuventa, un navire affrété par l’ONG allemande Jugend Rettet pour se porter au secours des migrants en détresse en Méditerranée centrale. Il lui est reproché d’avoir eu des « comportements favorisant l’immigration illégale ».

Les « membres d’équipage du Iuventa sont soupçonnés d’avoir pris à bord, au moins à deux reprises, des migrants escortés par des trafiquants libyens et dont les vies n’étaient pas en danger », a expliqué le procureur italien.

Avec la présence des navires européens de l’opération Sophia au large de la Libye, les passeurs de migrants ont adapté leur mode opératoire en envoyant des embarcations chargées de migrants avec le strict nécessaire pour arriver à la limite des eaux territoriales libyennes. D’où l’action d’ONG, qui ont affrété des bateaux pour leur venir en aide. Ces dernières ont ainsi réalisé 26% des opéarations de secours en 2016 et 35% depuis le début de cette année.

Seulement, certaines d’entre-elles sont accusées d’être en contact direct avec les trafiquants, ce qui a donné lieu à l’ouverture d’une enquête par le parquet de Catane (Sicile) ainsi qu’à l’élaboration, par les autorités italiennes, d’un code de bonne conduite qui, destiné aux ONG, leur interdit d’entrer dans les eaux libyennes et de communiquer avec les passeurs, y compris via l’échange de signaux lumineux. Des règles refusées, pour le moment, par l’ONG Jugend Rettet.

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