Le vice-président américain ne s’engage pas sur la présence permanente de batteries Patriot dans les pays baltes

Conformément à ce qui avait été annoncé, les États-Unis envoyèrent, au début de ce mois, une batterie anti-missile Patriot en Lituanie. Mais ce déploiement ne devait qu’être temporaire puisqu’il avait été prévu dans le cadre de l’exercice multinational Tobruq Legacy 2017, organisé dans la région lituanienne de Siaulei entre les 11 et 22 juillet.

À cette occasion, le ministère lituanien de la Défense avait souligné que cet envoi d’une batterie Patriot reflétait « l’engagement ferme des États-Unis en faveur de la sécurité de la Lituanie et leur bonne préparation à envoyer des capacités stratégiques dans la région. »

Cela, ce premier déploiement – temporaire – d’un tel système en Lituanie ne correspond pas totalement à la demande des pays baltes, qui craignent d’être destabilisés par la Russie voisine, comme l’est actuellement l’Ukraine.

Et même si l’Otan a pris des mesures de « réassurance » à leur profit (ainsi qu’à celui de la Pologne), avec la mise en place de 4 bataillons multinationaux (Enhanced forward presence, EfP), les pays baltes souhaiteraient la présence permanente de batteries Patriot sur leur territoire. Et cela d’autant plus qu’ils redoutent la tenue des manoeuvres Zapad 2017 organisée en septembre par la Russie et la Biélorussie à deux pas de leurs frontières. Ces dernières, comme le déploiement permanent de batteries Patriot, ont été au menu des discussions qu’ont eues, le 30 juillet, à Tallin, le vice-président américain, Mike Pence, et le Premier ministre estonien, Juri Ratas.

« Nous en avons parlé aujourd’hui, mais on n’a parlé ni de date ni d’heure », a ainsi indiqué M. Ratas, au sujet de l’envoi éventuel, en Estonie, d’une batterie Patriot. « Nous avons évoqué les manoeuvres (russes) à venir à proximité de la frontière estonienne (…). Et la manière dont l’Estonie, les Etats-Unis et l’Otan doivent les surveiller et échanger leurs informati », a-t-il ajouté.

Devant la presse, le vice-président américain en est resté aux généralités, sans évoquer la question des batteries Patriot. « Le président Trump m’a envoyé en Europe avec un message très simple : ‘l’Amérique d’abord’ ne veut pas dire ‘l’Amérique seulement' », a-t-il dit. « Notre message aux pays baltes et mon message lors des visites en Géorgie et au Monténégro sera le même: à nos alliés ici en Europe de l’Est, nous sommes avec vous, nous sommes à vos côtés pour les libertés. C’est un grand honneur d’être à vos côtés », a-t-il continué.

Et, ce 31 juillet, M. Pence n’a pas dit autre chose à l’issue d’une rencontre avec les présidents des trois pays baltes, à Tallinn. « Nous nous tenons aux côtés des gens et des nations de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie et nous le ferons toujours », a-t-il répété.

« Les États-Unis se joignent à vous pour un partenariat plus solide et des dépenses plus importantes pour la défense », a-t-il continué avant de reprocher à la Russie de « continuer à vouloir modifier les frontières. » « Aucun danger ne pèse plus lourdement sur les pays baltes que le spectre d’une agression de votre imprévisible voisin », a-t-il même affirmé plus tard.

Enfin, M. Pence a également mis en avant le fait que les exportations américaines de gaz naturel liquéfié vers les pays baltes « contribueront à leur prospérité et à leur sécurité » étant donné leur dépendance à l’égard du gaz russe.

S’agissant des manoeuvres militaires Zapad 2017, les responsables militaires de l’Otan redoutent qu’elles ne soient en réalité une sorte de « cheval de Troie », dans la mesure où elles constituerait l’occasion pour les forces russes de laisser des équipements en Biélorussie en vue d’actions futures. Ce que Moscou dément. Normalement, et conformément au Document de Vienne, ces exercices devraient être conduits sous le regard d’observateurs internationaux.