Confusion autour du déploiement de navires militaires italiens dans les eaux territoriales libyennes

L’une des faiblesses majeures de l’opération navale européenne EUNAVFOR MED « Sophia » est qu’il lui est impossible d’agir dans les eaux territoriales libyennes pour lutter contre le trafic de migrants. Tout simplement parce qu’elle n’en a pas reçu l’autorisation des autorités du pays (reconnues ou non).

Le 27 juillet, l’Italie, qui est en première ligne face à l’afflux de migrants venus de l’autre rive de la Méditerranée, a annoncé la présentation prochaine d’un plan visant à déployer des navires de la Marina Militare au plus près du littoral libyen pour lutter contre les trafiquants d’êtres humaines.

« Nous sommes en train de discuter des détails de la mission de soutien aux autorités libyennes dans la lutte contre les trafiquants et nous les présenterons mardi », a en effet déclaré Paolo Gentiloni, le président du Conseil italien, à l’issue d’une rencontre avec Martin Schulz, le rival social-démocrate d’Angela Merkel, la chancelière allemande.

Ce plan doit être approuvé par le Parlement italien pour entrer dans les faits. D’après M. Gentiloni, le déploiement de navires militaires doit répondre à une sollicitation du gouvernement d’union nationale (GNA) conduit par Fayez al-Sarraj.

« La demande que nous ont adressée les autorités libyennes de collaboration et d’assistance à leurs gardes-côtes peut représenter un tournant dans la gestion de la situation » des migrants, a ainsi fait valoir le Premier ministre italien.

La veille, M. Gentiloni avait expliqué que M. Sarraj lui avait « envoyé une lettre pour demander au gouvernement italien un soutien technique avec des unités navales italiennes dans la lutte commune dans les eaux libyennes contre les trafiquants d’êtres humains ». Et cela, après avoir rencontré le chef du GNA à Rome.

D’après des indiscrétions révélées par le Corriere della Sera, il serait pour la marine italienne de déployer « un navire-amiral et au moins cinq navires plus légers pour patrouiller dans les eaux libyennes et fournir un soutien aux gardes-côtes locaux. » Cela impliquerait la mobilisation de 500 à 1.000 militaires, d’avions, d’hélicoptères et de drones.

Seulement, Fayez al-Sarraj a apparemment changé d’avis. Ou alors il s’est fait mal comprendre par son interlocuteur italien. Le 28 juillet, il a en effet démenti avoir demandé au gouvernement italien d’envoyer des navires militaires dans les eaux territoriales libyennes pour lutter contre les passeurs de migrants.

« Le chef du (GNA) dément avoir demandé à l’Italie l’entrée de navires militaires dans les eaux territoriales libyennes. […] La souveraineté nationale libyenne est une ligne rouge que nul ne doit franchir », a en effet affirmé M. Sarraj, dont l’autorité peine à s’établir au-delà de Tripoli. En revanche, il a expliqué que l’objet de sa demande était de « compléter le programme d’appui aux gardes-côtes (libyens) par la formation et l’armement de manière à leur permettre de sauver les vies des migrants et de faire face aux organisations criminelles ».

Diplomatiquement, les propos de M. Sarraj peuvent sembler maladroits dans la mesure où ils suggèrent que le Premier ministre italien a raconté des bêtises. Cela étant, le ministère des Affaires étrangères du GNA a rectifié le tir en évoquant effectivement une « demande d’appui logistique et technique aux gardes-côtes » susceptibles de requérir la « présence de navires italiens dans le port de Tripoli uniquement dans ce but et seulement si nécessaire. »

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