L’Irak et l’Iran veulent renforcer leurs relations militaires
Après la prise de Mossoul par l’État islamique (EI ou Daesh) en juin 2014, l’Irak et l’Iran ont amorcé un rapprochement sur le plan militaire. Ainsi, Téhéran a restitué aux forces aériennes irakiennes des avions d’attaque au sol Su-25 « Frogfoot », qui avaient trouvé refuge sur le sol iranien peu avant le lancement de l’opération « Tempête du Désert » qui, lancée en 1991 sous commandement américain, permit de libérer le Koweït de l’emprise de Bagdad.
Plus tard, l’Iran accentua sa présence en Irak en envoyant des « conseillers militaires » de la force al-Qods des Gardiens de la Révolution auprès des milices chiites irakiennes. C’est ainsi que la présence du général Qassem Souleimani, le chef de cette unité, fut constatée lors de l’offensive ayant abouti à chasser l’EI de la ville de Tikrit, en 2015.
D’ailleurs, et après la victoire des forces irakiennes à Mossoul, le général Souleimani a lancé une campagne de propagande en exagérant le rôle joué par les milices chiites des Hachd al-Chaabi [Unités de mobilisation populaire, ndlr] dans la bataille et en minimisant (voire en le niant), celui, pourtant essentiel, de la coalition dirigée par les États-Unis. Et pour cause…
Comme l’a relevé le site Long War Journal, l’hebdomadaire des Gardiens de la Révolution, sobh-e sadegh, a ainsi mis la victoire de Mossoul au crédit de la « direction intelligente de l’Imam Khamenei » et du rôle tenu par l’influent ayatollah [Ali] Sistani. Et de titrer : « La fin du projet américain ‘Daesh' » en Irak. Et cela, alors que la coalition a non seulement fourni un appui aérien pour la reprise de la ville mais aussi formé les unités d’élites irakiennes, notamment celles de la « Golden Division », qui ont forcé la décision.
Mais pour enfoncer le clou, Akram al Kabi, le chef de la milice chiite Harakat al Nujaba, membre des Hachd al-Chaabi, a chanté les louanges du général Souleimani avant de le remercier pour l’aide apportée par les conseillers iraniens, lesquels ont permis de mettre en échec « les plans sauvages de l’Amérique dans la région. »
C’est donc dans ce contexte que, à l’occasion d’une visite du ministre irakien de la Défense, Erfan al Hiyali, a rencontré son homologue iranien, Hossein Dehghan, le 23 juillet, à Téhéran, pour signer un protocole d’accord visant à renforcer la coopération militaire entre l’Iran et l’Irak. Selon l’agence iranienne Irna, les domaines concernés sont la sécurité aux frontière, la logistique et l’entraînement.
Cet accord préliminaire a été signé alors que l’on commémorera, l’an prochain, le 30e anniversaire de la guerre « Iran/Irak », qui a fait entre 500.000 et 1,2 million de mort en 8 ans.
Par ailleurs, le président du Parlement iranien, , Ali Larijani, et le le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale en Iran, Ali Chamkhani, ont insisté sur l’attachement de l’Iran à « l’unité de l’Irak ».
« L’Iran soutient tous les groupes et communautés ethniques en Irak », a même affirmé M. Larijani, selon la télévision iranienne. « Nous resterons aux côtés de la nation et du gouvernement irakiens, comme nous l’avons fait jusqu’ici, durant la phase de reconstruction » du pays, a-t-il ajouté.
Évidemment, ce rapprochement, sur le plan militaire, est mal vu à Washington, où il traduit l’influence grandissante de l’Iran en Irak. Même chose pour les monarchies du golfe arabo-persique… En outre, il risque de compliquer la phase de stabilisation dans le nord-irakien, dans la mesure où les tensions entre sunnites et chiites sont loin d’être apaisées. En témoignent les exactions attribuées aux miliciens chiites sur des civils à Tikrit et à Falloujah. En outre, Téhéran a soutenu l’ex-Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, dont la politique a favorisé l’émergence de l’EI.