Focus sur le Griffon, invité surprise du 14-Juillet et future bête de somme connectée de l’armée de Terre

Lors du défilé du 14-Juillet, il était prévu une animation devant comparer des chars et des véhicules de la Première Guerre Mondiale avec ceux actuellement en service au sein de l’armée de Terre. C’est ainsi que l’on a pu voir des chars Schneider et Saint-Chamond rouler à côté d’un Véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI) et d’un Leclerc ainsi qu’un camion Renault EG15 avec un canon 155 GPF accompagner un CAESAR (Camion équipé d’un système d’artillerie).

Et, à la fin de ce tableau, on a eu droit à une surprise : ne figurant pas dans le programme du défilé donné à la presse quelques jours plus tôt, un Véhicule blindé multirôles (VBMR) Griffon a fait sa première apparition sur les Champs-Élysées, dans le cadre d’une présentation dynamique intitulée « Demain s’anticipe. »

« Cette première démonstration dynamique du VBMR, dont le marché de développement, de fabrication et de soutien des véhicules a été attribué par la Direction générale de l’armement (DGA) en décembre 2014, reflète les avancées concrètes du programme Scorpion. Elle démontre un respect des plannings de développement et d’industrialisation par l’équipe France, avec l’objectif des premières livraisons d’engins fin 2018 », ont fait valoir Nexter et Thales, via un communiqué commun publié ce 17 juillet.

« Elle est aussi le résultat d’une collaboration fructueuse et efficace entre Nexter, RENAULT TRUCKS Defense et Thales, constitués en GME (Groupement Momentané d’Entreprises), leurs prestataires et partenaires, sous le pilotage de la DGA pour le compte de l’armée de Terre », ont souligné les deux industriels.

Destiné à remplacer les Véhicules de l’avant blindé (VAB), bête de somme de l’armée de Terre depuis 40 ans, le Griffon est un véhicule 6×6 d’environ 25 tonnes qui se déclinera en plusieurs versions. Doté d’un tourelleau téléopéré, il sera armé d’une mitrailleuse 12,7 mm/7,62 mm, d’un lance-grenade automatique de 40 mm. Pouvant transporter 8 fantassins (soit 10 hommes, en comptant l’équipage), il offre une protection élevée contre les engins explosifs improvisés (IED) et autres mines.

Cela étant, tout ceci n’a rien de bien innovant… Là où le Griffon se distingue, tout comme les autres véhicules du programme Scorpion [Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation], tel l’engin blindé de reconnaissance et de combat (EBRC) Jaguar, se résume en un mot : vétronique.

En clair, il s’agit de l’électronique embarquée des véhicules, ou, plus précisément, de l’architecture (ou réseau) de leurs systèmes de navigation, de protection, de communication, d’observation et de contrôle. Et cela exige des calculateurs puissants, solides et compacts.

« Le réseau vétronique intègre, entre autres, le futur poste radio logicielle CONTACT qui assure la mise en réseau des forces. Elle apporte des nouvelles capacités de communication entre les engins en phonie et en transmission de données, en simultané et en temps réel », explique ainsi Thales, qui en a la charge pour le programme Scorpion.

« La vétronique commune SCORPION assure le traitement et les échanges de données critiques intra et inter-véhicules pour permettre le combat collaboratif », précise l’industriel.

L’idée est de pouvoir faire en sorte, par exemple, qu’une cible ennemie détectée par un Griffon puisse être « traitée » par l’équipage d’un EBRC Jaguar, lequel recevra toutes les données utiles en temps réel. Il sera possible d’avoir une idée précise de la situation tactique et même de connaître la situation des véhicules amis.

Pour cela, les véhicules Scorpion disposeront d’un Système d’information commun (SICS), développé par Atos-Bull. Mais pour l’alimenter en informations tactiques, encore faut-il disposer de capteurs.

Ainsi, le Griffon est équipé du système optique ANTARES, développé par Thales. D’une résolution de 5 millions de pixels, il permet d’avoir une connaissance de la situation sur 360°, sur un arc vertical allant de -15° à 75°. Et cela, de jour comme de nuit.

« Ce système est aussi capable de détecter un télémètre laser provenant par exemple des jumelles d’un fantassin ennemi. Ce laser peut ainsi servir à guider un missile vers le blindé. Il faut donc une réaction rapide. La détection du Griffon va être traitée par les algorithmes de la vétronique pour proposer plusieurs scenarii à l’équipage, qui n’aura alors plus qu’à valider son choix sur un écran pour réagir dans la seconde. Cela peut être le largage de fumigènes pour disparaître de la vue du fantassin et s’enfuir rapidement », a expliqué, à Sciences & Avenir, Sébastien Renard, directeur du programme Scorpion chez Thales.

Parmi les autres capteurs qu’embarquera le Griffon, l’on compte aussi le système acoustique de la société française Metravib, qui, grâce à quatre microphones disposés sur le toit du véhicule, est en mesure de détecter le départ d’un coup de feu, et donc, la position d’un tireur isolé. La vétronique jouera son rôle : le tourelleau s’orientera automatiquement vers cette dernière et l’équipage aura ainsi l’option de riposter.

Une autre particularité des véhicules Scorpion concernera leur disponibilité, l’armée de Terre visant un taux de DTO [Disponibilité technique opérationnelle, ndlr] de 80%. Des capteurs recueilleront automatiquement toutes les données relative à leurs composants mécaniques (via des MemoMEMS?), ce qui facilitera grandemement leur maintenance.

Photo : (c) Nexter, RENAULT TRUCKS Defense, Thales

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]