Nations unies : La Russie bloque un texte appelant à prendre des mesures « significatives » contre Pyongyang

Depuis son premier essai nucléaire, en octobre 2006, la Corée du Nord s’est vu infliger pas moins de 6 régimes de sanctions par le Conseil de sécurité des Nations unies, dont deux en 2016. Pourtant, cela n’a nullement mis un frein au développement de ses capacités nucléaires et de ses missiles balistiques.

Ainsi, le 4 juillet, Pyongyang a semble-t-il franchi une étape majeure en lançant, avec succès, un missile balistique intercontinental (ICBM) appelé Hwasong-14 (KN-14?), dont la portée serait théoriquement suffisante pour atteindre l’Alaska. En outre, ce tir a été effectué depuis Panghyon, à un peu moins de 100 km au nord de la capitale nord-coréenne. Un site inhabituel qui montre que les Nord-Coréens appliquent, selon le Pentagone, une « nouvelle tactique » visant à éviter « d’éventuelles contre-mesures ».

Quoi qu’il en soit, pour Nikki Halley, la représentante américaine auprès des Nations unies, cet essai constitue une « claire et nette escalade militaire » de la Corée du Nord. Et de prévenir, devant le Conseil de sécurité réuni en urgence : « Les Etats-Unis sont prêts à utiliser toute la panoplie de leurs moyens », y compris militaires, pour se défendre. »

Cela étant, les États-Unis ont soumis, au membre du Conseil de sécurité, un projet de déclaration condamnant le tir nord-coréen et appelant à prendre des « mesures significatives » contre Pyongyang. Ce qui devait ouvrir la voie à une nouvelle résolution visant à durcir encore les sanctions contre la Corée du Nord.

Seulement, la Russie s’est opposée à ce texte, au motif que le Hwasong-14 ne serait pas un missile balistique intercontinental, comme le soutiennent les États-Unis, l’ONU et la Corée du Nord elle-même.

« La délégation russe ne peut pas accepter de qualifier le lancement d’essai de missile balistique intercontinental », ont fait savoir les diplomates russes dans un communiqué. Le fait est : selon Moscou, il s’agirait en fait d’un missile de moyenne portée. Ce qu’avait estimé, dans un premier temps, le commandement américain pour le Pacifique (US PACOM) avant de revoir sa position, après avoir pris en compte la trajectoire de l’engin.

Qui plus est, la Russie, qui dispose d’un droit de veto en raison de sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, a prévenir qu’elle s’opposerait à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord, ainsi qu’à une éventuelle riposte militaire.

« Tout le monde doit admettre que les sanctions ne vont pas résoudre le problème », a justifié Vladimir Safronkov, l’ambassadeur adjoint de la Russie auprès des Nations unies. Et d’ajouter que « toute tentative de justifier une solution militaire est inadmissible ». À Pékin, on affiche une position quasiment identique, à savoir qu’une action militaire « n’est pas une option ». Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a de nouveau « enjoint la Corée du Nord à respecter les résolutions de l’ONU » tout en appelant « toutes les parties à faire preuve de retenue. »

Toutefois, la Russie et la Chine ont proposé que les États-Unis et à la Corée du Sud suspendent leurs exercices militaires en échange l’arrêt des essais nord-coréens d’armes nucléaires et de missiles balistiques. Mais Washington y a opposé une fin de non-recevoir. « Il n’existe pas d’équivalence entre les activités et actions des États-Unis réalisées avec ses alliés, dont la Corée du Sud et le Japon, (et les activités de la Corée du Nord). Celles-ci sont légales », a fait valoir Heather Nauert, une porte-parole de la diplomatie américaine.

Le président américain, Donald Trump, a quant à lui appelé « toutes les nations à affronter cette menace globale et à montrer publiquement à la Corée du Nord qu’il y a des conséquences à son très, très mauvais comportement », avant d’évoquer des mesures « fort sévères ».

Mais, plus tard, le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a précisé que la priorité reste la recherche d’une solution diplomatique.

« Nous faisons face maintenant à cette très importante escalade, cette provocation, cet affront aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », a dit le chef du Pentagone. « Nous restons dans un effort diplomatique impliquant alliés et pays partenaires », a-t-il continué.

« Je ne pense pas que cette capacité [le missile intercontinental nord-coréen, ndlr] en elle-même nous rapproche d’une guerre parce que le président a été très clair, et le secrétaire d’Etat (Rex Tillerson, ndlr) a été très clair, sur le fait que nous menons avant tout des efforts diplomatiques et économiques », a expliqué M. Mattis. Cependant, a-t-il précisé, « nous nous tenons prêts à fournir des options [militaires si elles sont nécessaires mais c’est un (effort) purement diplomatique avec des sanctions économiques qui est en cours et renforcé par une position militaire que nous sommes en train de prendre en ce moment même. »

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