L’Autriche renonce à ses avions de combat Eurofighter et cherche une alternative

On ne verra bientôt plus d’avions de combat Eurofighter Typhoon aux couleurs autrichiennes. Dès 2020, ces appareils seront en effet retirés du service, soit 13 ans après la réception du premier exemplaire. Telle est la décision annoncée ce 7 juillet par Hans Peter Doskozil, le ministre autrichien de la Défense.

Ce dernier ne fait que suivre les recommandations de la commission spéciale « Surveillance active de l’espace aérien », laquelle a avancé que « l’utilisation des 15 Eurofighter Typhoon [de la tranche 1, ndlr] actuellement en service (…) associée à un risque élevé de coûts, doit être progressivement arrêtée à partir de 2020. »

En effet, selon le ministère autrichien de la Défense, l’exploitation des Eurofighter Typhoon pendant 30 ans coûterait jusqu’à 5,1 milliards d’euros alors que l’achat (voire la location) et l’utilisation de 18 appareils d’un autre type (dont 3 biplace) permettrait d’économiser de 100 millions à 2 milliards d’euros sur la même période.

Aussi, M. Doskozil a estimé que l’Autriche devait « maîtriser l’escalade des coûts de l’Eurofighter et réduire les risques considérables en termes de coûts associés à cet avion – dans l’intérêt des contribuables et en relation avec les autres départements des forces armées. »

Cette décision, qui était dans l’air depuis au moins 2012, a été annoncé alors qu’Airbus, qui était à la manoeuvre pour ce contrat portant initialement sur 18 Eurofighter Typhoon pour 2 milliards d’euros, fait l’objet d’une enquête pour des faits de corruption et de fraudes. Le patron actuel du groupe européen, Tom Enders, est également dans le collimateur de la justice autrichienne.

En février dernier, Vienne avait même accusé Airbus d’avoir « depuis 2002, délibérément trompé la République d’Autriche tant sur le vrai prix que sur les vraies capacités de livraison et les vrais équipements » des Typhoon. Et d’ajouter que, sans ces « actions de tromperies », le ministère autrichien de la Défense n’aurait pas commandé ces avions.

Qui plus est, à l’issue d’évaluations conduites à la fin des années 1990, les forces aériennes autrichiennes avaient exprimé une préférence pour le F/A-18 Hornet et le F-16. Mais, faute de budget, elles furent obliger d’y renoncer. Pendant un moment, le JAS-39 Gripen passa pour une alternative plus abordable, étant donné que son constructeur, le suédois Saab, fit une offre portant sur 24 avions pour 2,15 milliards d’euros.

Quoi qu’il en soit, l’idée du ministère autrichien est donc de remplacer les 15 Eurofifghter ainsi que ses avions d’entraînement Saab 105OE, qui affichent plus de 40 ans de service au compteur, par une flotte d’avions de combat homogène.

« Le débat sur la surveillance de l’espace aérien autrichien a été dominé pendant des années par les charges budgétaires associées au programme ‘Eurofighter’. Trop peu d’attention a été accordée aux considérations militaires et aux scénarios de sécurité pour la préservation crédible de notre neutralité et de notre souveraineté. Avec le nouveau concept pour le suivi actif de notre espace aérien, les deux sont garanties tout en étant moins coûteux et plus efficace », a fait valoir M. Doskozil, qui a par ailleurs dit être en contact avec d’autres gouvernements et des constructeurs aéronautiques.

A priori, Vienne souhaiterait un accord de gouvernement à gouvernement pour louer des avions plutôt que de lancer un appel d’offres qui prendrait beaucoup trop de temps pour permettre à ses forces autrichiennes de disposer de ses nouveaux appareils d’ici 2020.

Photo : Deux Eurofighter Typhoon (c) Forces armées autrichienne Photo / W.HAINZL

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