Pour la première fois, un drone MQ-9 Reaper de l’armée de l’Air a volé dans l’espace aérien français

Si l’armée de l’Air peut faire voler ses 5 drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper au-dessus de la bande sahélo-saharienne (BSS) dans le cadre de l’opération Barkhane, elle ne pouvait jusqu’à présent pas le faire pour l’espace aérien français. Et cela, en raison de restrictions réglementaires, les appareils de ce type n’étant autoriser à évoluer au-dessus du territoire national qu’à la condition d’avoir obtenu un certificat de navigabilité délivré par la Direction de la sécurité aéronautique de l’État (DSAE).

Le rapport sur les drones, publié le mois dernier par la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées, indiquait qu’un sixième MQ-9 Reaper, récemment livré à l’armée de l’air, était certifié pour évoluer dans l’espace aérien français. Cependant, il n’était pas en mesure « de décoller du fait d’un problème technique » qui ne pouvait être résolu qu’en « collaboration avec le fournisseur » [General Atomics, nldr] et l’US Air Force. Et d’ajouter que cela montrait « encore une fois les inconvénients d’une solution non souveraine. »

Quoi qu’il en soit, ce problème est réglé puisque l’armée de l’Air a annoncé, ce 6 juillet, qu’un MQ-9 Reaper – le n°612 – a décollé, pour la première fois, de la base aérienne 709 de Cognac pour un vol au-dessus du territoire français. « Cette grande première visait à tester le bon fonctionnement de la machine et de ses deux cabines (calibration des paramètres de secours, vérification des liaisons satellitaires, etc.) et à proroger les qualifications LRE (Launch and Recovery Element – personnel apte à faire décoller et atterrir le Reaper) des équipages français », a-t-elle expliqué.

Tous ces objectifs ont été atteints par l’escadron de drones 1/33 Belfort, qui pourra désormais utiliser le MQ-9 Reaper depuis Cognac « presque quotidiennement ». Ce qui lui permettra de disposer de plus de latitude pour la formation de ses équipages et de mener des missions sur le territoire national, comme ce sera le cas à l’occasion du prochain défilé sur les Champs-Élysée, le 14-Juillet, avec la participation de cet appareil au Dispositif particulier de sûreté aérienne (DPSA). « De nombreuses missions sont d’ores et déjà notées dans leur tablettes », a d’ailleurs relevé l’armée de l’Air.

Cela étant, l’évolution du MQ-9 Reaper, comme d’ailleurs celle de tout appareil de ce type, est très réglementée. Ce drone ne peut en effet voler que « dans le cadre de couloirs ségrégués, zones de vol dynamiquement ouvertes puis fermées après le passage du drone, en coordination avec le contrôle aérien civil et qui doivent être planifiées plusieurs dizaines de jours à l’avance » étant donné que, notait le rapport du Sénat, « le Reaper ne peut en effet, pas plus que le Harfang, s’insérer dans la circulation aérienne générale, notamment parce qu’il ne peut pas mettre en oeuvre le principe du ‘voir et éviter’ prévu par la réglementation aérienne civile. »

S’agissant des 5 autres Reaper engagés dans l’opération Barkhane, ils ont déjà effectué plus de 3.000 heures de vol depuis le début de cette année (et plus de 15.000 depuis l’entrée en service du premier exemplaire, en janvier 2014).

D’ici 2019, le 1/33 Belfort mettra en oeuvre 12 MQ-9 Reaper et comptera 30 équipages.

À noter que le MQ-9 Reaper Block 5 (standard auquel seront portés les drones français) a effectué sa première mission de combat au sein de l’US Air Force, le 23 juin dernier, au titre de l’opération Inherent Resolve, menée contre l’État islamique (EI ou Daesh) en Irak et en Syrie. L’appareil a tiré deux missiles AGM-114 Hellfire et largué une bombe GBU-38 Joint Direct Attack Munitions (JDAM) sur des positions jihadistes. Cette variante de ce drone est notamment dotée d’un nouveau système électrique et d’une suite logicielle améliorée.

Photo : Le MQ-9 Reaper n°612 accompagné par deux TB-30 Epsilon de la BA 709 (c) armée de l’Air

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]