Le Premier ministre confirme la mise en place d’un « nouveau service national »

Depuis qu’Emmanuel Macron s’est installé à l’Élysée, il a été fait peu de cas de sa promesse d’instaurer un « service militaire universel » d’une durée d’un mois, obligatoire pour les 600.000 jeunes d’une même classe d’âge. Mais cette proposition, qui avait pris beaucoup de monde de court quand elle fut avancée en mars dernier, n’a pas été oubliée.

Lors de sa déclaration de politique générale, faite devant le Parlement le 4 juillet, le Premier ministre, Édouard Philippe, l’a succintement évoquée au moment d’aborder le chapitre sur la jeunesse. Cependant, l’on notera que le chef du gouvernement n’a pas parlé d’un « service militaire » mais d’un « service national », contrairement à ce qu’avait fait le président Macron durant la campagne.

« Notre jeunesse a soif de cause, on n’y répondra pas par des taux de croissance ou par des procédures, la jeunesse veut s’élever, au siècle dernier elle a eu trop d’occasions de verser son sang. Le front aujourd’hui est social, environnemental et mondial, il appelle la mobilisation de la jeunesse non pour combattre mais pour construire, partager, déverser le fruit de ses connaissances et de son enthousiasme », a commencé par dire M. Philippe.

« C’est aussi pour préparer nos enfants à ce monde qui vient, à cette France que nous voulons grande et belle, juste et forte que le gouvernement mettra en place un nouveau service national conformément aux engagements du président de la République », a-t-il continué, avant de préciser que « la réflexion sur les formes qu’il prendra sera conduite avant la fin de l’année 2017. »

Pour rappel, M. Macron avait expliqué que ce retour de la conscription allait permettre aux jeunes français de faire « l’expérience de la mixité sociale et de la cohésion républicaine » et que ce serait aussi l’occasion de « détecter les difficultés, notamment l’illettrisme », de proposer une « remise à niveau scolaire » et de préparer les conscrits à faire « leur entrée dans la vie professionnelle comme dans leur vie de citoyen ». Enfin, il était aussi question de constituer un « réservoir mobilisable complémentaire de la Garde nationale. » Et le tout, avec un encadrement militaire.

Seulement, le coût de mise en place de ce « nouveau service national », aux vertus plus sociales que militaires, n’est pas anodin. Lors de la campagne, M. Macron l’avait évalué à environ 15-20 milliards d’euros. Puis, en rythme de croisière, il faudrait trouver 2 à 3 milliards par an. Puis il avait revu à la baisse ses estimations, comptant sur les infrastructures scolaires et universitaires pour accueillir les appelés durant les périodes de vacances. Ces sommes, avait-il assuré, ne seraient pas prélevées sur le budget du ministère des Armées.

Cela étant, les militaires seraient nécessairement mis à contribution pour ce service (du moins, tel qu’il avait été initialement imaginé) dans la mesure où les armées, selon un rapport récent des sénateurs Jean-Pierre Raffarin et Daniel Reiner, devraient fournir, au minimum, entre 16.000 et 18.000 « encadrants », auxquels il faudrait ajouter les personnels de direction et de sélection. Et d’estimer qu’il s’agirait « d’un effort colossal en termes de ressources humaines, dont on peut craindre qu’elle absorbe l’énergie des armées. »

Par ailleurs, M. Philippe a assuré que l’effort de défense sera bel et bien porté à 2% du PIB à l’horizon 2025, sans toutefois préciser, comme l’avait fait M. Macron, si les pensions et les surcoûts liés aux opérations seraient compris dans ce total. En outre, le ministère des Armées pourrait connaître de nouvelles réformes…

Évoquant la maîtrise des dépenses publiques, le Premier ministre a en effet expliqué que « si nous voulons financer nos priorités et ne pas continuer à paupériser l’État, nous devrons choisir et remettre en cause certaines missions, faire bien ce que nous devons faire, arrêter de faire ce que d’autres font mieux que nous. » Et d’insister : « Aucun ministère, aucun opérateur, aucune niche fiscale ne sera sanctuarisé. Partout, nous chasserons la dépense inefficace et le saupoudrage de crédits. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]