Le ton monte entre l’Inde et la Chine au sujet du plateau stratégique de Doklam

Des disputes territoriales non réglées expliquent en partie la rivalité entre la Chine et l’Inde, ces deux pays ayant été brièvement en guerre en 1962 pour le contrôle de territoires himalayens, ce qui donne parfois lieu à des incidents le long de ce qu’on appelle la ligne « McMahon » (ou, depuis, Ligne de contrôle actuelle, LAC).

À la fin des années 1960, deux graves incidents frontaliers eurent lieu près de l’État indien du Sikkim, à proximité de la vallée de Chumbi, où se situe le plateau du Doklam, également revendiqué par le Bouthan. Cette région est stratégique pour l’Inde dans la mesure elle n’est situé qu’à quelques dizaines de kilomètres du corridor de Siliguri. Ce dernier, appelé « cou de poulet », est la seule jonction territoriale entre les paines du nord et les États indiens du nord-est.

Quoi qu’il en soit, en septembre 1967, dans ce secteur, des troupes chinoises ouvrirent le feu sur un détachement de l’armée indienne chargé de protéger le chantier d’une entreprise qui installait une clôture à Nathu La. Les affrontements durèrent pendant 5 jours, à coup de tirs d’artillerie. Puis, le mois suivant, de nouveaux combats éclatèrent, cette fois au niveau d’un avant-poste indien situé à Chola, dans l’État du Sikkim.

Depuis, le différend n’a toujours pas été réglé. Pour la Chine, et même si Bouthan en revendique la propriété, le plateau du Doklam lui appartient. Et elle y a entrepris de construire une route militaire, contestée par l’Inde. Il y a quelques jours, Pékin a ainsi dénoncé une « incursion » d’un détachement indien et accusé ce dernier d’avoir cherché à « empêcher l’avancée des travaux. »

L’armée indienne « a unilatéralement provoqué des tensions », ce qui « menace gravement la paix et la stabilité des zones frontalières », a alors lancé le ministère chinois de la Défense.

De son côté, New Delhi a répondu à cette accusation en évoquant une « approche » des équipes du chantier chinois, en coordination avec les autorités bouthanaises, lesquelles n’ont pas de relations diplomatiques avec Pékin. Puis, les autorités indiennes ont fini par hausser le ton.

« Le 16 juin, une équipe de construction de l’APL [Armée populaire de libération] a pénétré dans la zone de Doklam et essayé de construire une route. […] Une telle construction représenterait un changement significatif du statu quo avec de sérieuses implications pour la sécurité de l’Inde », a ainsi dénoncé le ministère indien des Affaires étrangères.

Cette montée brutale des tensions entre la Chine et l’Inde pourrait avoir deux explications, d’après Sameer Patil, du groupe de réflexion Gateway House, dont les propos ont été rapportés par l’AFP. « Les Chinois ont réalisé que l’Inde était vulnérable au niveau du ‘cou de poulet’, ça pourrait être un moyen de tester la réaction des autorités indiennes, a-t-il dit. Ou alors, la visite du Premier ministre indien à Washington, cette semaine, a contrarié Pékin.

« Les Chinois sont particulièrement perturbés par la rencontre entre le Premier ministre Narendra Modi et le président américain Donald Trump et veulent probablement envoyer un message au pouvoir indien », a affirmé M. Patil.

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